En appelant de ses vœux un XXIe siècle qui soit le «siècle Cavalli»,
Leonardo García Alarcón poursuit la redécouverte de l’œuvre du
compositeur vénitien Francesco Cavalli (1602-1676), l’un des plus
célèbres compositeurs de son temps avec Monteverdi. On se souvient l’an passé de l’événement qu’avait constitué l’ouverture de saison de l’Opéra de Paris par le sulfureux Eliogabalo, avant que le chef argentin ne se produise à l’Opéra de Genève début 2017 avec Il Giasone (ce spectacle sera repris les 9 et 10 mars 2018 à Versailles), puis cet été au festival d’Aix-en-Provence avec Erismena: excusez du peu!
Compte tenu de la minutieuse qualité des spectacles habituellement proposés par Leonardo García Alarcón (particulièrement dans sa capacité à réunir un plateau vocal de tout premier plan), l’unique reprise du spectacle aixois était donc, en ce début décembre, l’un des grands temps fort de la saison versaillaise. Outre l’éclairage rénové, mettant en valeur les fresques murales par une ambiance tamisée du meilleur effet, on ne pourra que se féliciter de l’apport des surtitres en français et en anglais dans la salle: pour ce type d’œuvre à mi-chemin entre théâtre et opéra, la compréhension du sens est essentielle, et ce d’autant plus que l’intrigue touffue en son début nécessite une parfaite concentration. On comprend mieux dès lors pourquoi cet ouvrage avait été donné dans sa version anglaise, à Londres en 2002, avec l’Opera Theatre Company de Dublin.
Quoi qu’il en soit, autant les surtitres que les qualités d’articulation et de prononciation des interprètes permettent de bénéficier d’une représentation des plus vivantes au niveau théâtral, et ce même si la mise en scène de Jean Bellorini n’aide pas beaucoup à percevoir les enjeux ici à l’œuvre. On pourra bien entendu louer la beauté plastique du plateau dénudé, mis en valeur par les effets poétiques des éclairages bleutés en demi-teinte – admirablement variés pendant tout le spectacle. Il n’en reste pas moins que le travail de Bellorini ne contribue pas à la compréhension de l’œuvre, brouillant même les pistes dans sa volonté d’habiller les dix personnages avec des costumes androgynes. De même, fallait-il s’en tenir à une lecture uniformément tournée vers les agapes amoureuses, au détriment des aspects comiques nombreux de l’ouvrage? Le rôle de la nourrice n’est pas le seul à pouvoir faire rire le public: les nombreuses allusions grivoises doivent pouvoir être mises davantage en valeur afin de mettre en relief les différents tons de cet ouvrage, typique de son époque. A cet égard, la fantaisie et l’originalité des costumes forains de Macha Makeïeff annonçaient bien plus que cette adaptation finalement trop timide, qui ressemble à bien des égards à un parent pauvre du très beau Liliom de Ferenc Molnár, monté en 2013 par Bellorini. Disons-le tout net: on est en droit, s’agissant d’un jeune metteur en scène aussi en vue (invité aussi bien par le Berliner Ensemble à Berlin que par Olivier Py à Avignon), d’attendre davantage qu’une mise en scène fondée sur le seul confort visuel, aussi réussi soit-il.
Compte tenu de la minutieuse qualité des spectacles habituellement proposés par Leonardo García Alarcón (particulièrement dans sa capacité à réunir un plateau vocal de tout premier plan), l’unique reprise du spectacle aixois était donc, en ce début décembre, l’un des grands temps fort de la saison versaillaise. Outre l’éclairage rénové, mettant en valeur les fresques murales par une ambiance tamisée du meilleur effet, on ne pourra que se féliciter de l’apport des surtitres en français et en anglais dans la salle: pour ce type d’œuvre à mi-chemin entre théâtre et opéra, la compréhension du sens est essentielle, et ce d’autant plus que l’intrigue touffue en son début nécessite une parfaite concentration. On comprend mieux dès lors pourquoi cet ouvrage avait été donné dans sa version anglaise, à Londres en 2002, avec l’Opera Theatre Company de Dublin.
Quoi qu’il en soit, autant les surtitres que les qualités d’articulation et de prononciation des interprètes permettent de bénéficier d’une représentation des plus vivantes au niveau théâtral, et ce même si la mise en scène de Jean Bellorini n’aide pas beaucoup à percevoir les enjeux ici à l’œuvre. On pourra bien entendu louer la beauté plastique du plateau dénudé, mis en valeur par les effets poétiques des éclairages bleutés en demi-teinte – admirablement variés pendant tout le spectacle. Il n’en reste pas moins que le travail de Bellorini ne contribue pas à la compréhension de l’œuvre, brouillant même les pistes dans sa volonté d’habiller les dix personnages avec des costumes androgynes. De même, fallait-il s’en tenir à une lecture uniformément tournée vers les agapes amoureuses, au détriment des aspects comiques nombreux de l’ouvrage? Le rôle de la nourrice n’est pas le seul à pouvoir faire rire le public: les nombreuses allusions grivoises doivent pouvoir être mises davantage en valeur afin de mettre en relief les différents tons de cet ouvrage, typique de son époque. A cet égard, la fantaisie et l’originalité des costumes forains de Macha Makeïeff annonçaient bien plus que cette adaptation finalement trop timide, qui ressemble à bien des égards à un parent pauvre du très beau Liliom de Ferenc Molnár, monté en 2013 par Bellorini. Disons-le tout net: on est en droit, s’agissant d’un jeune metteur en scène aussi en vue (invité aussi bien par le Berliner Ensemble à Berlin que par Olivier Py à Avignon), d’attendre davantage qu’une mise en scène fondée sur le seul confort visuel, aussi réussi soit-il.
Fort heureusement, les limites de cette mise en scène sont amplement compensées par le plateau vocal quasi parfait réuni par Leonardo García Alarcón. Dans le rôle-titre, Francesca Aspromonte (déjà entendue à Versailles en début d’année dans Orfeo) impressionne pendant toute la représentation à force de présence, d’impact physique et de vérité dramatique. C’est là l’une des grandes révélations de la soirée, d’autant plus que son aisance vocale semble se jouer de toutes les difficultés du rôle. A ses côtés, les contre-ténors s’imposent également, aussi bien le Polonais Jakub Józef Orlinski, dont la puissance de projection n’a d’égal que la beauté du timbre, que l’Italien Carlo Vistoli, particulièrement touchant dans son air en dernière partie d’opéra. Outre un impeccable Alexander Miminoshvili (Erimante), on mentionnera la sensible Aldimira de Susanna Hurrell, qui recueille une belle ovation en fin de représentation, tout comme l’impayable nourrice de Stuart Jackson.
Comme à son habitude, Leonardo García Alarcón fait preuve d’un sens de la conduite du discours mélodique d’une précision rythmique éloquente. On pourra seulement lui reprocher le choix de tempi dantesques pour les ritournelles orchestrales qui concluent certains ariosos: un détail cependant tant l’ensemble se tient à un très haut niveau.
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