lundi 25 décembre 2017

« Don Quichotte » de Léon Minkus - Charles Jude - Opéra de Bordeaux - 22/12/2017


Léon Minkus (1826-1917) et l’un de ses plus grands succès Don Quichotte semblent inspirer le ballet de Bordeaux qui, trois ans après les extraits donnés à Biarritz dans la chorégraphie réalisée par Rudolf Noureev, retrouve le spectacle réglé par Charles Jude dans le Grand Théâtre de Bordeaux en 2006. Rien d’étonnant à cela tant on se souvient que l’ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris reste l’un des disciples fervents de Noureev, comme le démontrent ses chorégraphies qui s’épanouissent en un équilibre classique entre décors et costumes légèrement modernisés, dans le respect de l’ouvrage présenté.

Ce Don Quichotte ne fait pas exception autour de costumes qui restent dans le ton d’une Espagne fantasmée, sans tomber dans un excès de kitsch folklorique: les ornementations restent discrètes, surtout pour les costumes féminins à la limite de l’austérité avec leur alternance de blanc, pourpre et noir. A ce jeu-là, les hommes ressortent davantage grâce à des atours qui osent souvent le rose, tandis que les décors au I et III sont à l’avenant, jouant sur un symbolisme proche de Dalí avec des yeux féminins démesurés ou sur une stylisation minimaliste avec des ailes de moulin déchiquetées au II. La chaleur écrasante du soleil est aussi symbolisée par un jaune habilement varié par les éclairages. Mais c’est surtout au II que les ambiances plus feutrées et rêveuses permettent à Jude de se laisser aller à davantage de liberté, sans jamais perdre de vue la mise en valeur de ses danseurs. Dans le même esprit qu’un récent spectacle présenté à Amsterdam, Jude n’en oublie pas de bienvenus ajouts comiques en faisant interpréter quelques saynètes sur le côté par quatre comédiens danseurs. Le tout est plaisant mais n’évite pas la sensation de collage: la minceur de l’argument ne peut être tout à fait compensée. On reste donc dans un spectacle de facture très classique, mais globalement réussi.


L’interprétation ne souffre d’aucun défaut tant la qualité du corps de ballet impressionne tout du long, tout particulièrement les deux rôles les plus lourds parfaitement interprétés par Oksana Kucheruk (Kitri) et Oleg Rogachev (Basile). Alors que le spectacle est repris pour pas moins de dix-huit représentations jusqu’à la fin de l’année, on a appris dans le même temps que le nouveau directeur de la danse a enfin été nommé à Bordeaux: il s’agit d’Eric Quilleré, bien connu ici puisqu’il a été maître de ballet et directeur adjoint de la danse, avant cette promotion. On espère que cette nomination saura apaiser les tensions (grève du personnel pour éviter des réductions d’effectifs, puis éviction de Charles Jude) qui ont agité la troupe depuis l’an passé, permettant de retrouver la sérénité nécessaire au bon fonctionnement de l’institution.

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