Si l’on excepte le tout premier trio de 1776, la série des trios de
Mozart a été composée entre 1786 et 1788, en pleine période de floraison
pour ce genre dans les milieux bourgeois et aristocratiques, suite à
l’avènement du pianoforte en remplacement du clavecin. Après un silence
de plus de quinze ans dans ce domaine, Haydn n’échappe pas non plus à
cette mode en produisant pas moins de treize trios entre 1784 et 1790,
avant les derniers chefs-d’œuvre londoniens. Comme souvent lorsque l’on
compare la musique de chambre de ces deux géants, celle de Mozart parait
moins aventureuse, même si le Salzbourgeois s’astreint toujours à
respecter la facture formelle des trois mouvements, contrairement à son
aîné. A l’exception du trio de jeunesse et du tout dernier composé pour
un public peu virtuose, les quatre autres doivent retenir notre
attention par leur caractère différencié. Ainsi des Deuxième et Troisième Trios de 1786, où le piano domine tout du long, hormis un violoncelle plus présent dans le finale du Troisième.
Daniel Baremboim fait l’étalage de toute sa classe féline, nous faisant oublier l’utilisation contestable du piano par son toucher aussi véloce qu’aérien. Le velouté et les infimes nuances dans les phrasés, d’une lisibilité éloquente, rappellent les qualités déjà appréciées dans les deux intégrales des Concertos pour piano de Mozart gravées jadis (EMI, 1969, et Teldec, 1991). Ses deux partenaires se contentent quant à eux d’un rôle secondaire, surtout le violon peu imaginatif de Michael Barenboim, bien loin du niveau de son père. Les Quatrième et Cinquième Trios font valoir une inspiration davantage concertante, qui manque malheureusement de charpente et d’éclat dans cette version trop contemplative. Un disque surtout intéressant pour les premiers trios, où le piano toujours aussi délicat et poétique de Baremboim joue la séduction à plein.
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