Inauguré en 2014 pour fêter le cent cinquantième anniversaire de la
disparition de Giacomo Meyerbeer (1791-1864), le cycle proposé par le Deutsche Oper de Berlin est repris cette année autour de plusieurs chefs-d’œuvre du maître berlinois, dont Les Huguenots (1836). Créée in loco en 2016,
la production de David Alden n’est malheureusement pas son travail le
plus abouti, tant l’illustration visuelle classieuse surclasse le fond –
totalement incompréhensible dans sa transposition au temps de la IIIe
République, y compris pour les bons connaisseurs de l’ouvrage. Le
metteur en scène américain ne cherche en rien à démêler les ressorts
politiques du grand opéra, préférant brouiller les pistes avec des
costumes d’époques différentes (sans doute pour signifier le caractère
intemporel de l’histoire), tout en minorant les frontières entre
protestants et catholiques. Il en ressort des scènes étranges et
cafouilleuses, notamment lorsque les deux camps sont réunis pour prier
au début du III, contre toute attente. Si le parti pris de montrer une
élite catholique décadente aux I et II peut se justifier par la mise en
valeur des éléments comiques, Alden réduit par trop le livret aux seuls
tourments individuels, faisant fit du massacre à venir. Les élégants
chevaux blancs, plusieurs fois ressortis, ne semblent avoir aucun
ressort dans l’action dramatique en dehors de leur beauté plastique, de
même que ces inexplicables ninjas au III. Après les ratages récents à Paris et Genève, on ressort de ce spectacle avec le sentiment qu’il est bien difficile de réussir Les Huguenots, à Berlin comme ailleurs.
Fort heureusement, le plateau vocal, renouvelé par rapport à 2016, apporte plusieurs satisfactions, au premier rang desquelles le très investi Raoul d’Anton Rositskiy: son aigu rayonnant compense une voix que l’on pourrait aimer plus large sur le reste de la tessiture, sans parler de son interprétation déchirante, tout particulièrement dans le duo (sommet de la partition) avec Valentine au IV. Dans ce rôle, Olesya Golovneva s’impose par sa technique parfaite et son tempérament, brûlant les planches et recueillant logiquement une belle ovation. Liv Redpath n’est pas en reste avec un matériau plus opulent et opératique, très à l’aise dans les vocalises, tandis qu’Irene Roberts séduit tout autant dans le délicieux rôle d’Urbain, par sa rondeur et sa puissance maitrisée. Très applaudi, le Marcel d’Ante Jerkunica est plus problématique, tant son émission engorgée entache le style: l’impact vocal et la présence physique compensent quelque peu ces imperfections. Outre le superlatif Saint-Bris de Derek Welton, on se félicitera des chœurs locaux très engagés, de même que de la direction franche d’Alexander Vedernikov qui donne beaucoup de relief et de tension au drame. De quoi compenser les déceptions relatives à la mise en scène incohérente d’Alden.
Fort heureusement, le plateau vocal, renouvelé par rapport à 2016, apporte plusieurs satisfactions, au premier rang desquelles le très investi Raoul d’Anton Rositskiy: son aigu rayonnant compense une voix que l’on pourrait aimer plus large sur le reste de la tessiture, sans parler de son interprétation déchirante, tout particulièrement dans le duo (sommet de la partition) avec Valentine au IV. Dans ce rôle, Olesya Golovneva s’impose par sa technique parfaite et son tempérament, brûlant les planches et recueillant logiquement une belle ovation. Liv Redpath n’est pas en reste avec un matériau plus opulent et opératique, très à l’aise dans les vocalises, tandis qu’Irene Roberts séduit tout autant dans le délicieux rôle d’Urbain, par sa rondeur et sa puissance maitrisée. Très applaudi, le Marcel d’Ante Jerkunica est plus problématique, tant son émission engorgée entache le style: l’impact vocal et la présence physique compensent quelque peu ces imperfections. Outre le superlatif Saint-Bris de Derek Welton, on se félicitera des chœurs locaux très engagés, de même que de la direction franche d’Alexander Vedernikov qui donne beaucoup de relief et de tension au drame. De quoi compenser les déceptions relatives à la mise en scène incohérente d’Alden.
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