dimanche 15 mars 2020

« Issé » d’André-Cardinal Destouches - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Disque Ambronay Editions


Le claveciniste et chef français Louis-Noël Bestion de Camboulas (né en 1989) poursuit avec bonheur son exploration du répertoire lyrique d’André-Cardinal Destouches (1672-1749), l’un des grands prédécesseurs de Rameau. Si le précédent disque, composé avec Delalande (Les Eléments), nous avait déjà beaucoup séduit, celui-ci va plus loin encore du fait de la réunion d’un plateau vocal proche de l’idéal, de la toujours aussi impressionnante de velouté et de naturel Judith van Wanroij au superlatif Mathias Vidal – dont on ne cesse de vanter les qualités de clarté et de diction dans ce répertoire, disque après disque. On retrouve les mêmes qualités chez Matthieu Lécroart, par ailleurs doté de superbes graves, tandis que les autres interprètes assurent bien leur partie. On se réjouira tout autant de la direction enjouée et alerte de Bestion de Camboulas, qui donne beaucoup de vigueur à l’ensemble, en des enchaînements très vifs, tout en offrant quelques infimes nuances dans les phrasés.

Outre un chœur superlatif, on ne peut que se délecter de la prise de son très détaillée, qui met en valeur toutes les couleurs requises. Donnée en premier enregistrement mondial, cette pastorale héroïque initialement composée en 1697 est proposée dans sa version en cinq actes de 1708, remaniée en 1724. C’est là un coup de maître pour un compositeur de seulement 25 ans, qui n’a commencé son apprentissage que trois ans auparavant avec son «mentor» Campra: peut-être ce dernier a-t-il davantage aidé son jeune protégé qu’on a bien voulu le dire, à l’instar de ce que fera Gluck pour lancer la carrière parisienne de Salieri en 1784 avec   Les Danaïdes (voir le livre-disque de Christophe Rousset, édité en 2015)? Quoi qu’il en soit, on a là un maillon essentiel qui annonce Rameau par la variété et l’éclat de l’inspiration mélodique – à découvrir dans les toujours aussi élégantes et soignées pochettes cartonnées des Editions Ambronay (et ce malgré la disparation de la traduction en allemand dans la notice).

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