Simon-Pierre Bestion |
Depuis la découverte du spectacle «The Tempest» (voir ici), on suit de très près Simon-Pierre Bestion (né en 1988) et sa compagnie instrumentale et vocale La Tempête, créé en 2015. Issu d’une famille de cinq frères musiciens (dont Louis-Noël, co-fondateur de l’ensemble Les Surprises), le jeune Français s’est d’abord illustré en tant que claveciniste et organiste, avant de présider à sa destinée avec sa compagnie, en une qualité technique hors pair partout reconnue et justement applaudie. Depuis lors, on reste impressionné par ce travailleur insatiable, toujours avide de nouveaux projets: pas moins de huit sont ainsi recensés sur son site, dont le très réussi «Hypnos», donné l’an passé notamment à l’abbaye de Lessay et qui sera repris dans plusieurs festivals cet été, à Saintes, Aubazine et Lecce (Italie).
Simon-Pierre Bestion n’en finit plus de surprendre à chacune de ses
créations, comme l’atteste le présent concert dédié à «Jérusalem», qui
révèle autant une curiosité pour l’exploration du répertoire, du XIIe
siècle à nos jours, qu’une volonté de confronter les musiques
principalement issues des trois religions monothéistes, en un message
œcuménique subliminal. Pas moins de douze langues différentes
s’expriment en un kaléidoscope d’émotion qui touche au cœur: on va ainsi
de surprise en surprise en se laissant conduire par ce voyage musical
fait d’alternance très bien construite entre rivages bien connus de la
musique dite savante (Schütz, Liszt ou Rachmaninov) aux confins plus
inattendus des saveurs orientales, sans oublier les audaces de la
musique contemporaine (Ohana, Pärt ou Florentz).
Le recours aux deux excellents solistes spécialistes des chants traditionnels de leur pays, la Bulgare Milena Jeliazkova et le Libanais Georges Abdallah, n’en finit pas de séduire par la douce nostalgie qui se dégage de leur chant lumineux, souvent empreints des mélismes orientaux – le tout accompagné par des instruments aux sonorités exotiques, de la doulciane (ancêtre du basson) et du duduk (sorte de hautbois) à la sacqueboute (ancêtre du trombone), en passant par de nombreuses percussions.
L’acoustique de la basilique Saint-Rémi, à la réverbération idéale
d’équilibre, donne aussi beaucoup de saveur au concert, chaleureusement
applaudi à l’issue de la représentation. Comme à son habitude, Bestion
explore la sonorité des lieux avec une attention minutieuse, faisant
déambuler ses chanteurs au gré des différents morceaux, des processions
religieuses aux cercles plus chaleureux des musiques populaires, dont le
bis final enthousiaste, proche d’une célébration familiale, donne
littéralement envie de danser et de se congratuler. Le festival des
Flâneries musicales de Reims, qui a fêté ses trente ans d’existence l’an
passé, ne pouvait rêver concert de clôture plus réussi!
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