lundi 12 septembre 2022

« Don Giovanni » de Wolfgang Amadeus Mozart - Festival de Vérone - 06/09/2022

Vous comptez vous rendre au festival de Vérone ? N’oubliez pas d’aller faire une visite à sa voisine Vicence, à l’occasion de son festival «Vicenza in Lirica». La visite de la ville est l’occasion de découvrir d’incontournables chefs d’oeuvre d’architecture, tous dus à Andrea Palladio : outre l’étonnante Basilique paladienne en centre-ville, il ne faut pas manquer le Théâtre Olympique, où un festival de musique classique est judicieusement organisé depuis dix ans, au début du mois de septembre. C’est là l’occasion de découvrir le tout premier théâtre couvert permanent de l’époque moderne, achevé en 1585 : son spectaculaire mur de scène en trompe l’oeil est l’une des plus belles réalisations de son auteur, idéalement revisité par les différents éclairages, tout au long du spectacle dédié à Don Giovanni.

Malheureusement, on ne peut être aussi enthousiaste concernant la mise en scène de Marina Bianchi, qui ressemble davantage à une mise en espace, avec son absence de tout élément de décor. L’ajout de figurants permet de donner un semblant d’action dans les scènes de groupe, mais on est surtout surpris par l’anonymisation des costumes, incapables de différencier les personnages : seul Don Giovanni se voit doter d’une veste noire en deuxième partie, comme pour signifier son bannissement du groupe, maculé de blanc. Les interprètes semblent bien trop souvent laissés à eux-mêmes et le spectacle souffre des inégales qualités interprétatives, ainsi mises à nu.

Quoi qu’il en soit, c’est surtout l’acoustique des lieux qui déçoit avec sa forte résonance, particulièrement audible dans les scènes d’ensemble, où la salle atteint ses limites de saturation. Il est plus prudent de se limiter aux autres concerts du festival, qui offrent un nombre d’interprètes plus réduit pour profiter de l’acoustique dans des conditions optimales. Avec de telles conditions, il aurait aussi fallu demander à certains interprètes, tout particulièrement la puissante Yuliya Pogrebnyak (Donna Anna), de ne pas forcer leur voix. Curieux enthousiasme du public pour cette chanteuse ukrainienne, qui montre des problèmes récurrents de positionnement de voix dans les récitatifs, sans parler de sa justesse relative dans le suraigu. On lui préfère grandement le chant velouté de Marily Santoro (Donna Elvira), aussi souple qu’aérien, et toujours très investi dramatiquement. Elle est certainement la chanteuse la plus attachante de ce plateau vocal constitué de jeunes chanteurs (à l’exception du Commandeur), véritable attrait de cette production.


On aime aussi la facilité déconcertante de Samuele Venuti (Don Giovanni), au timbre chaleureux, même s’il doit encore gagner en variété d’intentions, tandis que Giacomo Nanni (Leporello) compense une projection modeste par une diction d’une grande classe, d’un abattage jubilatoire dans les récitatifs. Autre chanteur à suivre, Massimo Frigato (Don Ottavio) ravit par son interprétation raffinée, même s’il doit prendre garde à une émission trop resserrée par endroits. Outre le solide Commandeur d’Enrico Rinaldo (Il Commendatore), Gianluca Andreacchi (Masetto) et Sabrina Sanza (Zerlina) assurent bien leur partie, bien épaulés par un choeur engagé. Enfin, Edmondo Mosè Savio donne le meilleur de l’Orchestre dei Colli Morenici (fondé en 2006), à force d’attention aux nuances et de précision dans les attaques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire