On retrouve aux manettes de ce spectacle l’excellent metteur en scène Olivier Bénézech, qui n’a pas son pareil pour faire vivre le plateau d’une énergie jubilatoire, très précise dans la direction d’acteur autant que l’exploration des volumes du plateau, particulièrement la rampe ajoutée devant l’orchestre. Comme à son habitude (voir notamment la production réussie d’Into the Woods de Sondheim en 2019), ce travail très respectueux de l’ouvrage bénéficie d’une scénographie de toute beauté, magnifiée par les contrastes entre pénombre et éclairages aux couleurs expressives.
La superbe distribution réunie emporte d’emblée l’adhésion par son brio
théâtral, autant que par sa parfaite maîtrise vocale : à ce jeu‑là, se
distingue le chant noble et radieux de William Michals, à l’émission
chaude et profonde dans le grave. Il est toutefois dommage que son duo
avec Kelly Mathieson soit déséquilibré par le peu de puissance de sa
partenaire : fort heureusement, l’Ecossaise compense ce défaut par une
musicalité et un raffinement inouï de velouté dans l’articulation, au
service d’une composition finalement touchante. Avec un timbre de toute
beauté et des qualités semblables, Mike Schwitter s’impose dans son
rôle, même s’il doit encore s’affirmer davantage pour convaincre dans la
dernière partie, plus dramatique. Rien de tel pour la tonitruante
Jasmine Roy, qui irradie dans son rôle à force d’aisance, tandis que le
non moins sonore Thomas Boutillier donne beaucoup de plaisir par son
abattage et sa présence scénique. Tous les seconds rôles se montrent à
la hauteur de l’événement, particulièrement le superlatif Brackett de
Scott Emerson, de même que choristes et danseurs, tous investis dans
l’énergie commune généreusement déployée.
Tout ce plaisir manifeste se retrouve aussi dans la fosse, où Larry
Blank officie avec un art souverain des équilibres, faisant vivre les
rythmes endiablés de mille feux, tout en distinguant les chorals de
cuivres ou les passages plus apaisés, d’une clarté des plans sonores
admirable de finesse. Ce spectacle très réussi de l’Opéra de Toulon sera
suivi en mai prochain de la reprise très attendue de La Dame de pique, une coproduction lyrique de la région Sud vivement applaudie à Nice en 2020, à ne pas manquer.
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