Au moins aussi célèbre que son contemporain Gluck, le Vénitien
Baldassare Galuppi (1706-1758) fut un compositeur extraordinairement
prolifique, principalement dévolu à la musique religieuse (à laquelle
Giulio Prandi et Sony ont consacré un disque superbe voilà quatre
ans) et à l’opéra. On compte plus de soixante-dix ouvrages lyriques
composés tout au long d’une carrière basée essentiellement à Venise,
sans parler des postes prestigieux occupés à Londres ou à
Saint-Pétersbourg. Rencontrant le succès avec la veine comique d’un
Carlo Goldoni et ses dramma giocoso, «Il Buranello» s’illustra tout autant dans l’opera seria
autour des livrets de l’inévitable Metastasio: tous les grands titres
du fameux librettiste figurent ainsi au catalogue de Galuppi, de Didone abbandonata à L’Olimpiade, Artaserse, Demofoonte, en passant par La clemenza di Tito.
Moins connu, alors qu’il est pourtant le deuxième livret de Métastase le plus utilisé après Artaserse, l’opéra Alessandro nell’Indie a été composé en 1738, peu de temps avant la nomination à l’Ospedale dei Mendicanti à Venise et surtout l’établissement à Londres. C’est la version révisée en 1755 que présente cette année le festival Mozart de Wurtzbourg en une nouvelle production, accueillie dans le théâtre moderne situé à deux pas de la fameuse Résidence décorée des splendides fresques de Tiepolo – un compatriote tout aussi célèbre et lui aussi quelque peu délaissé aujourd’hui.
La production souffre d’emblée de la mise en scène peu inspirée de François de Carpentries, qui choisit de transposer l’action en un Moyen-Orient contemporain écrasé par le poids des guerres. Si l’idée peut séduire, la réalisation visuelle apparaît bien cheap, sans aucun jeux de lumière pour sauver des décors d’une rare laideur. Le metteur en scène belge nous inflige les inévitables treillis et kalachnikov, tandis que les rares éléments de décors sont déplacés par un chœur muet dont c’est là la seule fonction en dehors de quelques poses illustratives. Seule l’allusion des relations ambiguës entre Alexandre et son fidèle Timagene (Ephestion pour ce qui est de la réalité historique), malheureusement lourdement évoquée par une scène de rut sous une tente, enrichit l’opéra autour de son véritable sujet: la rivalité amoureuse entre Alexandre et l’Indien Poro pour conquérir Cleofide.
A cette mise en scène décevante, le plateau vocal réuni apporte quelques satisfactions, toutes situées côté féminin. Dans le rôle de Cleofide, Silke Evers reçoit une ovation méritée tant son chant harmonieux au timbre de velours offre autant de souplesse que d’aisance. A ses côtés, Sonja Koppelhuber (Erissena) témoigne aussi de belles qualités vocales, tandis que Maximiliane Schweda et Anja Gutgesell assurent correctement leur partie. Il est vrai annoncés malades, les hommes montrent de nombreuses difficultés techniques, aussi bien un trop placide Joshua Whitener (Alexandre), au timbre pourtant séduisant, qu’un Denis Lakey (Poro) qui surjoue constamment sa partie, tout en chantant faux dès lors qu’il monte dans l’aigu.
Seule la fosse apporte un plaisir constant tant la direction aussi attentive que vive d’Enrico Calesso fait mouche. L’Italien fait bien ressortir les différents joyaux de la partition, de l’irrésistible duo du I où Cleofide et Poro rivalisent de vocalises, aux splendides orages de la fin d’opéra. Nettement plus inspirée avec ses airs de bravoure et sa nervosité orchestrale du meilleur effet, cette dernière partie permet aisément de comprendre tout le succès rencontré par Galuppi lors de sa carrière. Gageons que les reprises prévues en fin d’année à Wurtzbourg sauront gommer une partie des carences ci-dessus évoquées, particulièrement au niveau vocal.
Moins connu, alors qu’il est pourtant le deuxième livret de Métastase le plus utilisé après Artaserse, l’opéra Alessandro nell’Indie a été composé en 1738, peu de temps avant la nomination à l’Ospedale dei Mendicanti à Venise et surtout l’établissement à Londres. C’est la version révisée en 1755 que présente cette année le festival Mozart de Wurtzbourg en une nouvelle production, accueillie dans le théâtre moderne situé à deux pas de la fameuse Résidence décorée des splendides fresques de Tiepolo – un compatriote tout aussi célèbre et lui aussi quelque peu délaissé aujourd’hui.
La production souffre d’emblée de la mise en scène peu inspirée de François de Carpentries, qui choisit de transposer l’action en un Moyen-Orient contemporain écrasé par le poids des guerres. Si l’idée peut séduire, la réalisation visuelle apparaît bien cheap, sans aucun jeux de lumière pour sauver des décors d’une rare laideur. Le metteur en scène belge nous inflige les inévitables treillis et kalachnikov, tandis que les rares éléments de décors sont déplacés par un chœur muet dont c’est là la seule fonction en dehors de quelques poses illustratives. Seule l’allusion des relations ambiguës entre Alexandre et son fidèle Timagene (Ephestion pour ce qui est de la réalité historique), malheureusement lourdement évoquée par une scène de rut sous une tente, enrichit l’opéra autour de son véritable sujet: la rivalité amoureuse entre Alexandre et l’Indien Poro pour conquérir Cleofide.
A cette mise en scène décevante, le plateau vocal réuni apporte quelques satisfactions, toutes situées côté féminin. Dans le rôle de Cleofide, Silke Evers reçoit une ovation méritée tant son chant harmonieux au timbre de velours offre autant de souplesse que d’aisance. A ses côtés, Sonja Koppelhuber (Erissena) témoigne aussi de belles qualités vocales, tandis que Maximiliane Schweda et Anja Gutgesell assurent correctement leur partie. Il est vrai annoncés malades, les hommes montrent de nombreuses difficultés techniques, aussi bien un trop placide Joshua Whitener (Alexandre), au timbre pourtant séduisant, qu’un Denis Lakey (Poro) qui surjoue constamment sa partie, tout en chantant faux dès lors qu’il monte dans l’aigu.
Seule la fosse apporte un plaisir constant tant la direction aussi attentive que vive d’Enrico Calesso fait mouche. L’Italien fait bien ressortir les différents joyaux de la partition, de l’irrésistible duo du I où Cleofide et Poro rivalisent de vocalises, aux splendides orages de la fin d’opéra. Nettement plus inspirée avec ses airs de bravoure et sa nervosité orchestrale du meilleur effet, cette dernière partie permet aisément de comprendre tout le succès rencontré par Galuppi lors de sa carrière. Gageons que les reprises prévues en fin d’année à Wurtzbourg sauront gommer une partie des carences ci-dessus évoquées, particulièrement au niveau vocal.
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