Depuis plusieurs saisons, on doit au Palazzetto Bru Zane la redécouverte
de Félicien David (1810-1879), compositeur aujourd’hui parmi les plus
sous-estimés du XIXe siècle. Berlioz fut pourtant un inconditionnel
enthousiaste de l’art d’un compatriote qui lui succèdera à l’Institut
après son décès. Si l’exhumation de nombreuses œuvres a déjà été
réalisée, parmi lesquelles les opéras Christophe Colomb (1847) et Herculanum (1859), on attendait avec impatience un nouvel enregistrement de la fameuse ode-symphonie Le Désert (1844), premier et immense succès qui fera rapidement connaître David bien au-delà des frontières hexagonales.
Il s’agit en effet du deuxième disque consacré à cette œuvre après celui dirigé par Guido Maria Guida en 1991 chez Capriccio et réédité en 2009. Un chef italien particulièrement intéressé par ce répertoire puisqu’il a également enregistré une autre partition orientalisante de la même époque, Le Sélam d’Ernest Reyer (Capriccio, 1995). La confrontation des deux versions existantes s’avère passionnante, tant les deux optiques diffèrent, Guida utilisant un grand orchestre symphonique là où Laurence Equilbey choisit un effectif plus réduit. Ce choix permet à la Française d’éviter toute grandiloquence, affichant un raffinement très à-propos dès les premières mesures envoûtantes de l’œuvre.
Quelques notes traînantes magnifiées par les altos et contrebasses refusent ainsi toute expansion mélodique, évoquant «L’Entrée dans le désert» et son univers immobile et hypnotique, avant l’irruption surprenante du chœur, plus vertical dans sa prière à Allah. Dommage que le chœur accentus n’offre qu’une diction des plus approximatives, tant cette œuvre avec récitant s’appuie sur une volonté descriptive d’un Orient idéalisé, certes un peu datée aujourd’hui mais révélatrice d’une époque. On songe ainsi aux tableaux de Jean-Léon Gérôme sur ce sujet, pierre angulaire des grands succès rencontrés par le peintre français de son vivant, alors qu’il est désormais affublé d’une réputation de pompiérisme.
Rien de tel ici chez David, qui ne cherche pas à orientaliser outre mesure sa partition (tout comme Equilbey, plus sobre que Guida sur ce point), restant proche de ses deux inspirateurs éminents, Beethoven et Weber, tout en voulant se démarquer du coloris facile souvent utilisés par Rossini ou Auber. Parmi les plus belles réussites de l’œuvre, «L’Hymne à la nuit» délivre son chant harmonieux et paisible, délicatement ouvragé par un subtil Cyrille Dubois. Le ténor français gagnerait cependant à une émission moins étroite, afin de permettre une ligne de chant plus souple. Autre partie marquante de l’œuvre que «Le Lever du soleil», qui fait immanquablement penser à Wagner par l’expression d’un thème éloquent aux cordes couronné d’une superbe péroraison des cuivres. La partition se conclut en arche, avec le retour du superbe thème initial autour de la prière du chœur.
Ajoutons que ce double disque comprend à la fois une version avec récitant et une autre sans. On préfèrera celle portée par Jean-Marie Winling, dont l’élan descriptif permet de mieux saisir le kaléidoscope de fines couleurs ouvragé par David au cours de la partition. Seul petit regret concernant ce disque, son minutage modeste – un peu moins de 50 minutes pour la version la plus longue avec récitant.
Il s’agit en effet du deuxième disque consacré à cette œuvre après celui dirigé par Guido Maria Guida en 1991 chez Capriccio et réédité en 2009. Un chef italien particulièrement intéressé par ce répertoire puisqu’il a également enregistré une autre partition orientalisante de la même époque, Le Sélam d’Ernest Reyer (Capriccio, 1995). La confrontation des deux versions existantes s’avère passionnante, tant les deux optiques diffèrent, Guida utilisant un grand orchestre symphonique là où Laurence Equilbey choisit un effectif plus réduit. Ce choix permet à la Française d’éviter toute grandiloquence, affichant un raffinement très à-propos dès les premières mesures envoûtantes de l’œuvre.
Quelques notes traînantes magnifiées par les altos et contrebasses refusent ainsi toute expansion mélodique, évoquant «L’Entrée dans le désert» et son univers immobile et hypnotique, avant l’irruption surprenante du chœur, plus vertical dans sa prière à Allah. Dommage que le chœur accentus n’offre qu’une diction des plus approximatives, tant cette œuvre avec récitant s’appuie sur une volonté descriptive d’un Orient idéalisé, certes un peu datée aujourd’hui mais révélatrice d’une époque. On songe ainsi aux tableaux de Jean-Léon Gérôme sur ce sujet, pierre angulaire des grands succès rencontrés par le peintre français de son vivant, alors qu’il est désormais affublé d’une réputation de pompiérisme.
Rien de tel ici chez David, qui ne cherche pas à orientaliser outre mesure sa partition (tout comme Equilbey, plus sobre que Guida sur ce point), restant proche de ses deux inspirateurs éminents, Beethoven et Weber, tout en voulant se démarquer du coloris facile souvent utilisés par Rossini ou Auber. Parmi les plus belles réussites de l’œuvre, «L’Hymne à la nuit» délivre son chant harmonieux et paisible, délicatement ouvragé par un subtil Cyrille Dubois. Le ténor français gagnerait cependant à une émission moins étroite, afin de permettre une ligne de chant plus souple. Autre partie marquante de l’œuvre que «Le Lever du soleil», qui fait immanquablement penser à Wagner par l’expression d’un thème éloquent aux cordes couronné d’une superbe péroraison des cuivres. La partition se conclut en arche, avec le retour du superbe thème initial autour de la prière du chœur.
Ajoutons que ce double disque comprend à la fois une version avec récitant et une autre sans. On préfèrera celle portée par Jean-Marie Winling, dont l’élan descriptif permet de mieux saisir le kaléidoscope de fines couleurs ouvragé par David au cours de la partition. Seul petit regret concernant ce disque, son minutage modeste – un peu moins de 50 minutes pour la version la plus longue avec récitant.
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