Après la superbe Julietta donnée la veille,
l’Opéra de Francfort a poursuivi son marathon Martinů par la
représentation de trois courts opéras en un acte, tous chantés en
allemand et d’une durée inférieure à 50 minutes. Donnés au Bockenheimer
Depot, salle de trois cents places équivalant aux Ateliers Berthier à
Paris, cette nouvelle production a été confiée à de jeunes chanteurs
dont plusieurs sont membres ou anciens membres de l’Opernstudio de Francfort. On pense ainsi inévitablement à la Mirandolina, du même Martinů, donnée à Bobigny voilà cinq ans avec les troupes de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris.
Si le projet artistique séduit, la réalisation déçoit quelque peu, faute d’une mise en scène réellement convaincante. La jeune Beate Baron, qui faisait là ses débuts à Francfort, choisit de lier les trois œuvres par leur point commun: l’absurde. De ce bon concept de départ, elle emprunte plusieurs idées qui ne sont pas sans rappeler l’univers burlesque d’un Jacques Tati – la présence du vélo étant un des fils conducteurs de la soirée, tout comme celle de l’accordéon – ceci afin de rappeler que ces trois opéras ont été composés à Paris? On pense aussi à Beckett lorsque les personnages de Larmes de couteau (1928) rampent à plusieurs reprises au sol, comme englués. Au-delà du seul aspect visuel assez discutable, sans parler des faibles possibilités dramatiques, cette scénographie aurait gagné à choisir un plateau légèrement surélevé et incliné afin de permettre à la partie du public située au-delà des premiers rangs de voir ces «chanteurs rampants».
On retrouve également un certain statisme dans La Comédie sur le pont (1935), où les personnages, figés à la manière d’une pièce de kabuki, ne s’animent qu’à l’arrivée d’un autre larron, comme pour figurer un événement rapidement devenu un non-événement. Avec les cyclistes ou de rares incursions dans le public, Beate Baron tente également de jouer sur l’espace à sa disposition, mais trop peu pour aller au-delà de la simple intention. De même, on est peu convaincu par le décor unique pendant toute la représentation, en forme d’appartement surmonté d’une immense plage de sable, dont seul Alexandre Bis (1937), lorgnant vers Feydeau, semble tirer profit.
La direction de l’ensemble constitué de douze à quinze musiciens revient là aussi à une jeune pousse en la personne de Nikolai Petersen. Chef assistant et coach vocal à l’Opéra de Francfort depuis 2012, il exalte à merveille les nombreuses subtilités de ces petits bijoux qui brassent toutes les fantaisies savoureuses de l’orchestration du maître tchèque. De l’omniprésent piano au surprenant banjo dans Larmes de couteau aux accents jazzy, Martinů n’en oublie pas de parodier les marches militaires dans La Comédie sur le pont, avant de lorgner vers un pétillant post-classicisme stravinskien dans Alexandre Bis.
Autour de ces multiples raisons de se réjouir au niveau musical, le plateau vocal réuni affiche un niveau très homogène, sans faille, où les femmes dominent. On retiendra notamment le chant aérien d’Elisabeth Reiter (Eleonora) ou encore la pétillante Katharina Magiera (Philomène). Un spectacle très recommandable malgré sa mise en scène un peu faible, à voir pour l’imagination toujours mordante du trop méconnu Martinů.
Si le projet artistique séduit, la réalisation déçoit quelque peu, faute d’une mise en scène réellement convaincante. La jeune Beate Baron, qui faisait là ses débuts à Francfort, choisit de lier les trois œuvres par leur point commun: l’absurde. De ce bon concept de départ, elle emprunte plusieurs idées qui ne sont pas sans rappeler l’univers burlesque d’un Jacques Tati – la présence du vélo étant un des fils conducteurs de la soirée, tout comme celle de l’accordéon – ceci afin de rappeler que ces trois opéras ont été composés à Paris? On pense aussi à Beckett lorsque les personnages de Larmes de couteau (1928) rampent à plusieurs reprises au sol, comme englués. Au-delà du seul aspect visuel assez discutable, sans parler des faibles possibilités dramatiques, cette scénographie aurait gagné à choisir un plateau légèrement surélevé et incliné afin de permettre à la partie du public située au-delà des premiers rangs de voir ces «chanteurs rampants».
On retrouve également un certain statisme dans La Comédie sur le pont (1935), où les personnages, figés à la manière d’une pièce de kabuki, ne s’animent qu’à l’arrivée d’un autre larron, comme pour figurer un événement rapidement devenu un non-événement. Avec les cyclistes ou de rares incursions dans le public, Beate Baron tente également de jouer sur l’espace à sa disposition, mais trop peu pour aller au-delà de la simple intention. De même, on est peu convaincu par le décor unique pendant toute la représentation, en forme d’appartement surmonté d’une immense plage de sable, dont seul Alexandre Bis (1937), lorgnant vers Feydeau, semble tirer profit.
La direction de l’ensemble constitué de douze à quinze musiciens revient là aussi à une jeune pousse en la personne de Nikolai Petersen. Chef assistant et coach vocal à l’Opéra de Francfort depuis 2012, il exalte à merveille les nombreuses subtilités de ces petits bijoux qui brassent toutes les fantaisies savoureuses de l’orchestration du maître tchèque. De l’omniprésent piano au surprenant banjo dans Larmes de couteau aux accents jazzy, Martinů n’en oublie pas de parodier les marches militaires dans La Comédie sur le pont, avant de lorgner vers un pétillant post-classicisme stravinskien dans Alexandre Bis.
Autour de ces multiples raisons de se réjouir au niveau musical, le plateau vocal réuni affiche un niveau très homogène, sans faille, où les femmes dominent. On retiendra notamment le chant aérien d’Elisabeth Reiter (Eleonora) ou encore la pétillante Katharina Magiera (Philomène). Un spectacle très recommandable malgré sa mise en scène un peu faible, à voir pour l’imagination toujours mordante du trop méconnu Martinů.
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