Directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg depuis
maintenant près de dix ans, Emmanuel Krivine choisit de s’attaquer à
deux œuvres bien connues et très souvent enregistrées de Béla Bartók. Ce
nouveau disque au minutage généreux permet au Français de déployer,
tout au long du Second Concerto pour violon (1938), un travail
sur les timbres qui insiste sur les détails, faisant particulièrement
ressortir les graves. Si Krivine ne sacrifie jamais à l’élan global, sa
lecture détaillée, fine et allante s’accorde bien avec ce concerto
constitué d’une suite de variations. Le rôle de Tedi Papavrami se montre
quelque peu en retrait, donnant l’impression d’une symphonie avec
violon obligé – bien éloigné en cela de ses illustres prédécesseurs, tel
Ivry Gitlis et son geste halluciné, ou le poète aérien Menuhin, pour ne
citer qu’eux. Cette volonté de placer en retrait le violoniste conduit à
faire ressortir des dialogues néanmoins superbes avec les bois,
notamment dans le très bel Andante tranquillo. On se régale
constamment de la direction de Krivine, toujours aussi inventif, mais
parfois à la limite de la sécheresse dans sa volonté constante d’alléger
la masse orchestrale. Admirable de discipline, son orchestre ne brille
malheureusement guère dans les couleurs, un peu ternes à la longue.
Le Concerto pour orchestre (1943) s’avère tout aussi intéressant dans sa conception sans pathos et gommant toute respiration en son début. Particulièrement dénervé, le geste détaillé de Krivine avance en un élan transparent et léger qui rappelle souvent Ravel ou le Stravinski néoclassique. Si cette lecture intellectuelle pourra paraître un rien bridée, elle marque aussi par son absence de tension sans cesse relancée par la souplesse de l’orchestre ou la vivacité sous-jacente des contrechants. Toute brutalité ou trait de caractère excessif est soustrait, en évitant soigneusement les effets grotesques au basson (début du Giuoco delle coppie) et l’ironie excessive au IV. Les deux mouvements les plus réussis sont l’Elegia centrale où Krivine se permet enfin une respiration d’une vitalité irrésistible de douceur, tandis que le Finale étonne par l’art des transitions élaboré en une vision chambriste sans aucune emphase. Malgré un orchestre trop peu séduisant, on recommandera ce disque pour l’art de Krivine, pas si éloigné d’un Celibidache dans sa capacité à relancer le discours par un geste ample respectueux de l’architecture générale.
Le Concerto pour orchestre (1943) s’avère tout aussi intéressant dans sa conception sans pathos et gommant toute respiration en son début. Particulièrement dénervé, le geste détaillé de Krivine avance en un élan transparent et léger qui rappelle souvent Ravel ou le Stravinski néoclassique. Si cette lecture intellectuelle pourra paraître un rien bridée, elle marque aussi par son absence de tension sans cesse relancée par la souplesse de l’orchestre ou la vivacité sous-jacente des contrechants. Toute brutalité ou trait de caractère excessif est soustrait, en évitant soigneusement les effets grotesques au basson (début du Giuoco delle coppie) et l’ironie excessive au IV. Les deux mouvements les plus réussis sont l’Elegia centrale où Krivine se permet enfin une respiration d’une vitalité irrésistible de douceur, tandis que le Finale étonne par l’art des transitions élaboré en une vision chambriste sans aucune emphase. Malgré un orchestre trop peu séduisant, on recommandera ce disque pour l’art de Krivine, pas si éloigné d’un Celibidache dans sa capacité à relancer le discours par un geste ample respectueux de l’architecture générale.
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