La dixième édition du festival du Palazzetto Bru Zane (PBZ) à Paris s’achève sous les auspices symphoniques, quelques jours après la vibrante résurrection de Fausto (1831) de Louise Bertin, déjà au Théâtre des Champs‑Elysées. Absente du coffret des vingt et une compositrices récemment
édité par le PBZ (de quoi nous laisser espérer une suite ?), l’ancienne
élève de Fétis et Reicha ouvre le début de concert avec l’Ouverture de
son deuxième opéra, Le Loup‑garou, créé à l’Opéra‑Comique en
1827. Dès les premiers accords péremptoires et abrupts, on retrouve le
style tempétueux de Bertin, autour d’une orchestration fournie qui
tourne son inspiration vers la musique allemande. Mais c’est bien
l’énergie rythmique de Rossini et Boieldieu que Bertin embrasse ensuite,
faisant valoir un tempérament parfois difficile à suivre dans
l’assemblage hétéroclite des idées, mais d’une incontestable audace.
Même si son geste enlevé évite toute lourdeur, on regrette qu’Hervé
Niquet ne bride davantage l’Orchestre de chambre de Paris, qui a
tendance à se laisser emporter en un niveau sonore trop marqué.
L’équilibre se fait plus naturel dans l’accompagnement de l’élan policé et classique des Grandes variations sur un thème du comte Gallenberg
de Louise Farrenc, composées au milieu des années 1830. De la même
génération que Bertin, Farrenc a tourné son inspiration vers la musique
symphonique, bénéficiant en cela de l’enseignement de Hummel et
Moscheles. On retrouve précisément leur influence dans ces variations
d’une grande élégance de forme, même si elles restent toujours
conventionnelles. Le piano véloce et tranchant de David Kadouch (né en
1985) ne cherche pas à donner davantage de profondeur ou à fouiller les
éléments préromantiques de cette musique, en une lecture démonstrative
en phase avec celle de Niquet.
Le concert se poursuit avec la courte pièce symphonique « La Nuit et
l’Amour » (1888) d’Augusta Holmès, qui laisse s’épanouir son don
mélodique et son raffinement apollinien, rappelant une fois encore
l’admiration pour Wagner. A ce bref moment de sérénité succède la
légèreté lumineuse de la valse pour orchestre L’Amour s’éveille (1911) de Jeanne Danglas (1871‑1915) et de la Suite en forme de valse
(1898) de Mel Bonis (1858‑1937), dont l’inspiration narrative et
l’orchestration allégée évoquent autant l’élégance viennoise que les
rêveries plus nordiques (notamment celles de Grieg).
Après l’entracte, les courts extraits du dernier ouvrage lyrique de Clémence de Grandval, Mazeppa
(1892), laissent entrevoir un talent mélodique qui irrigue
alternativement tous les pupitres. Mais c’est surtout avec le
spectaculaire Second Concerto pour piano (1884) de Marie Jaëll
que le public s’enflamme, sans doute séduit par les assauts lisztiens
d’une grande lisibilité. Cette compositrice défendue de longue date par
Niquet (voir notamment le disque qui lui a entièrement été consacré en 2016,
déjà avec le PBZ) possède une maîtrise exemplaire de la forme et du
développement, sans parvenir à imposer des idées franchement originales
(surtout lors de la fin interminable de l’ouvrage). L’ardeur et la
précision rythmique toujours aussi éloquente de David Kadouch font
mouche sans se poser de questions, proposant en bis une Mélodie
de Fanny Mendelssohn, avant qu’Hervé Niquet ne reprenne l’une des valses
de la première partie du concert, pour le plus grand bonheur de
l’assistance.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
dimanche 25 juin 2023
Concert de l'Orchestre de chambre de Paris - Hervé Niquet - Théâtre des Champs-Elysées à Paris - 23/06/2023
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