Face à l’offre francilienne pléthorique en matière de musique classique,
quoi qu’en disent les inévitables grognons, plusieurs formations
symphoniques constituées d’amateurs tracent leur chemin pour assouvir
leur passion et rayonner auprès d’un public varié, dont plusieurs
« primo‑accédants » : si l’Orchestre Ostinato sort déjà de ce cadre,
puisqu’il parvient à rémunérer ses jeunes membres sortis du
Conservatoire, on peut citer les Chœurs et Orchestres des Grandes Ecoles
(COGE, une association d’intérêt général, créée en 1984). Plus récent,
l’orchestre symphonique Les Clés d’Euphonia a été fondé en 2011 par
d’anciens membres du COGE, dont Laëtitia Trouvé, toujours chef principal
de la formation.
Ses troupes sont en résidence à Vincennes, où l’auditorium Jean‑Pierre
Miquel, d’un peu moins de 300 places, les accueille fidèlement. Du fait
de la gratuité (avec participation libre), les concerts sont complets le
jour même de l’ouverture des réservations : il faut donc être réactif
pour faire partie des heureux « gagnants » et bénéficier de l’acoustique
chaleureuse de l’auditorium, un indéniable atout, même si un placement
en milieu de salle est à éviter, tant il avantage les cuivres, un rien
trop sonores. Le rapprochement avec la scène est donc à privilégier,
afin de baigner au cœur des cordes, d’une précision très homogène.
Disons-le tout net, le niveau global des interprètes est ce que l’on
pouvait attendre de meilleur de la part d’un orchestre amateur, ce qui
s’explique sans doute par la sélection initiale exigeante, après
audition. On se délecte ainsi plusieurs fois du son tour à tour velouté
et virtuose des clarinettes, hautbois et cor anglais – ce dernier
évidemment très sollicité dans le mouvement lent de la Symphonie « Du nouveau monde » (1893) de Dvorák. Si le son global de l’orchestre apparaît souvent trop compact, notamment en une roborative Ouverture des Noces de Figaro (1786) de Mozart, la précision d’ensemble sonne juste, avec quelques incidents finalement très rares aux cors.
Il est vrai que la formation bénéficie du geste attentif et sans
fioritures de Laëtitia Trouvé, qui n’est pas pour rien dans le sérieux
et la tenue d’ensemble du concert. C’est peut-être plus encore la
présentation initiale de la Neuvième Symphonie de Dvorák qui fait
tout le prix de cette soirée, tant la cheffe sait jongler entre
contextualisation historique et identification musicale des motifs
orchestraux (avec de nombreux courts extraits à l’appui), en une volonté
pédagogique accessible, qui rappelle ses illustres prédécesseurs,
Bernstein en tête. Une exigence artistique à l’image de la
programmation, plus variée que ce que le présent concert pourrait
laisser à penser, comme en témoigne le précédent, consacré à la Cinquième Symphonie de Sibelius et aux Interludes marins de Britten.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
samedi 20 avril 2024
Concert de l'Orchestre symphonique Les Clés d’Euphonia - Auditorium Jean-Pierre Miquel à Vincennes - 20/04/2024
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