Indissociable de son célèbre festival de théâtre, la ville d’Avignon
n’en oublie pas pour autant la musique, célébrée en différentes
occasions: ainsi de l’hommage insolite réservé aux gloires locales sur
les vitres du nouveau tramway, de Mireille Mathieu à Olivier Messiaen,
tous deux natifs de la cité des Papes, ou de la nomination de la
Brésilienne Debora Waldman à la tête de l’Orchestre régional
Avignon-Provence. L’ancienne assistante de Kurt Masur à l’Orchestre
national de France sera ainsi la première femme à diriger une formation
régionale, dès septembre 2020. En attendant, on retrouve le premier chef
invité Samuel Jean pour conduire la nouvelle production de La Périchole
d’Offenbach, donnée dans sa version finale de 1874. Le chef français
donne le meilleur de ses troupes en un geste allégé, vif et élégant,
toujours au service de l’action dramatique. Il n’est pas pour rien dans
la réussite globale de cette soirée lyrique.
Il faut dire que le plateau vocal réuni par Avignon donne également beaucoup de satisfaction en faisant confiance à la jeunesse pour les deux rôles principaux, nous faisant découvrir deux jeunes talents très investis dans leurs prises de rôle respectives. Ayant accepté de maintenir sa participation malgré une bronchite/trachéite, Marie Karall se montre d’abord un rien timide avant d’endosser le costume de la Périchole avec un aplomb plus affirmé, faisant valoir son émission ronde et veloutée, sans parler de son timbre superbe dans les graves lorsque la voix est bien posée. Elle est un peu plus en retrait dans les passages parlés, en raison de qualités théâtrales plus limitées par rapport à ses partenaires, ou dans les ensembles, du fait d’une voix insuffisamment projetée dans le medium et les piani. On reste en revanche bluffé par la prestation d’acteur de Pierre Derhet (Piquillo), qui semble prendre un plaisir évident à la scène, tout en affirmant des qualités vocales confondantes d’aisance, entre diction toujours précise, agilité et éloquence. Il ne lui manque peut-être qu’un rien de puissance, mais son emploi dans ce répertoire ou dans le bel canto, devrait faire le bonheur de toutes les maisons d’opéra prêtes à faire confiance à ce jeune Belge, lauréat de l’Académie de chanteurs du Théâtre Royal de la Monnaie en 2016.
Quel plaisir, aussi, de retrouver le truculent Philippe Ermelier
(Ribeira), dont les qualités comiques ne sont plus à démontrer, tandis
que ses deux acolytes, Ugo Rabec (Hinoyosa) et Enguerrand de Hys
(Panatellas), se distinguent dans l’outrance et le ridicule, provoquant
les rires du public par leur à-propos millimétré. La distribution
n’affiche aucune faiblesse dans tous les autres nombreux seconds rôles,
faisant de la soirée une fête vocale justement applaudie en fin de
représentation, même si l’on notera quelques décalages dans les chœurs,
toujours agaçants s’agissant d’un ouvrage chanté en français.
Plus connu en tant que scénographe depuis plusieurs années, Eric Chevalier endosse ici plusieurs casquettes et s’illustre avec des décors projetés en vidéo sur de simples panneaux blancs, au détriment des éclairages, assez rudimentaires. Fort heureusement, cette proposition efficace cherche avant tout à donner la primeur à une direction d’acteur dynamique et bien incarnée, où le comique reste central, notamment le jeu sur les portraits du monarque. Chevalier s’appuie aussi judicieusement sur les superbes costumes d’époque, qui s’attachent à caractériser finement chaque personnage. Comme à l’habitude dans ce répertoire, les dialogues modernisés font place à quelques réparties anachroniques savoureuses, de l’évocation de la Reine des neiges à Depardieu, en passant par Patrick Balkany – et ce sans jamais ralentir le rythme de l’action. Enfin, l’ajout des scènes mimées par Jean-Claude Calon pendant les interludes orchestraux sonne comme une trouvaille d’abord intrigante, avant de s’établir en fil rouge, à la manière des aventures désopilantes de l’écureuil du dessin animé L’Age de glace.
Après cette belle réussite, l’Opéra d’Avignon proposera une très attendue Flûte enchantée en fin d’année, réunissant Hervé Niquet à la baguette autour de Florie Valiquette, Chantal Santon Jeffery et Mathias Vidal. A ne pas manquer!
Il faut dire que le plateau vocal réuni par Avignon donne également beaucoup de satisfaction en faisant confiance à la jeunesse pour les deux rôles principaux, nous faisant découvrir deux jeunes talents très investis dans leurs prises de rôle respectives. Ayant accepté de maintenir sa participation malgré une bronchite/trachéite, Marie Karall se montre d’abord un rien timide avant d’endosser le costume de la Périchole avec un aplomb plus affirmé, faisant valoir son émission ronde et veloutée, sans parler de son timbre superbe dans les graves lorsque la voix est bien posée. Elle est un peu plus en retrait dans les passages parlés, en raison de qualités théâtrales plus limitées par rapport à ses partenaires, ou dans les ensembles, du fait d’une voix insuffisamment projetée dans le medium et les piani. On reste en revanche bluffé par la prestation d’acteur de Pierre Derhet (Piquillo), qui semble prendre un plaisir évident à la scène, tout en affirmant des qualités vocales confondantes d’aisance, entre diction toujours précise, agilité et éloquence. Il ne lui manque peut-être qu’un rien de puissance, mais son emploi dans ce répertoire ou dans le bel canto, devrait faire le bonheur de toutes les maisons d’opéra prêtes à faire confiance à ce jeune Belge, lauréat de l’Académie de chanteurs du Théâtre Royal de la Monnaie en 2016.
Marie Karall et Pierre Derhet |
Plus connu en tant que scénographe depuis plusieurs années, Eric Chevalier endosse ici plusieurs casquettes et s’illustre avec des décors projetés en vidéo sur de simples panneaux blancs, au détriment des éclairages, assez rudimentaires. Fort heureusement, cette proposition efficace cherche avant tout à donner la primeur à une direction d’acteur dynamique et bien incarnée, où le comique reste central, notamment le jeu sur les portraits du monarque. Chevalier s’appuie aussi judicieusement sur les superbes costumes d’époque, qui s’attachent à caractériser finement chaque personnage. Comme à l’habitude dans ce répertoire, les dialogues modernisés font place à quelques réparties anachroniques savoureuses, de l’évocation de la Reine des neiges à Depardieu, en passant par Patrick Balkany – et ce sans jamais ralentir le rythme de l’action. Enfin, l’ajout des scènes mimées par Jean-Claude Calon pendant les interludes orchestraux sonne comme une trouvaille d’abord intrigante, avant de s’établir en fil rouge, à la manière des aventures désopilantes de l’écureuil du dessin animé L’Age de glace.
Après cette belle réussite, l’Opéra d’Avignon proposera une très attendue Flûte enchantée en fin d’année, réunissant Hervé Niquet à la baguette autour de Florie Valiquette, Chantal Santon Jeffery et Mathias Vidal. A ne pas manquer!
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