Auréolée d’un succès publique et critique quasi-unanime, la production de Dialogues des Carmélites
imaginée par Olivier Py fait halte à Toulouse avec des interprètes
différents par rapport aux représentations données à la Monnaie à
Bruxelles en 2017, puis au Théâtre des Champs-Elysées.
Las, si l’on retrouve toutes les qualités de cette mise en scène
inspirée, autour d’une épure stylisée et intemporelle, le spectacle est
d’emblée plombé par le peu d’affinités de Jean-François Verdier avec la
partition: son geste analytique et séquentiel fuit par trop l’émotion,
sans jamais parvenir à lier les subtilités du discours musical à fleur
de peau de Poulenc. C’est d’autant plus regrettable que l’Orchestre
national du Capitole séduit tout du long par ses couleurs splendides,
sans parvenir à faire oublier les maladresses de son chef – des passages
verticaux souvent trop brusques aux parties plus apaisées qui manquent
de relief. Pire encore, la direction semble délaisser le plateau,
occasionnant de nombreux décalages avec les chanteurs, notamment
Catherine Hunold – seule interprète de la soirée qui cherche à s’imposer
face à cette direction décevante, avec ses qualités de phrasé toujours
aussi investies au service du sens. Pour autant, la soprano française
rencontre des difficultés dans l’émission fragile de l’aigu, avec un
timbre trop peu charnu. Sa dernière prestation dans Sigurd de Reyer à Nancy le mois dernier
avait été autrement plus convaincante en ce domaine – il est vrai dans
un rôle très différent, où sa voix en pleine puissance était davantage
sollicitée.
Anaïs Constans incarne une Blanche frustrante, tant ses qualités vocales réelles, entre opulence et aisance sur toute la tessiture, rencontrent un écueil interprétatif patent et uniformément caricatural: trop souvent réduite aux seuls forte, poussés à l’excès entre bruits et fureur, son interprétation oublie toute la fragilité et les doutes de ce rôle il est vrai complexe. Autre grosse déception de la soirée avec le positionnement de voix instable de Janina Baechle (Madame de Croissy), qui délie outre mesure les phrasés, au détriment de l’incarnation. Dans ce contexte, la scène de l’agonie n’émeut guère. Outre les bons seconds rôles féminins, Jodie Devos (Constance) donne beaucoup de satisfaction au niveau vocal, entre rondeur de l’émission et attention aux nuances, même s’il lui manque encore un rien de caractère pour s’imposer pleinement dans ses confrontations avec Blanche. Hormis quelques changements de registre abrupts dans les accélérations aiguës (au I surtout), Thomas Bettinger compose un Chevalier de la Force de bonne tenue, de même que le très engagé et vibrant Jean-François Lapointe (Marquis de la Force).
Face à ce plateau vocal inégal, le regard se tourne vers la mise en scène inspirée d’Olivier Py, qui trouve dans la sobriété des matériaux bruts des décors l’évocation de la piété rigoureuse du carmel tout autant qu’une intense poésie visuelle. On reste en effet plusieurs fois bluffé par le jeu sur la palette de couleurs réduite, les subtilités d’éclairage dans les interstices des panneaux de bois, tout autant que l’agencement des éléments de décors à vue. Que dire, aussi, de ces superbes tableaux humains élaborés avec trois fois rien, rappelant la fascination mystique constante dans laquelle baignent les religieuses (une idée déjà développée dans la production parisienne de Mathis le peintre d’Hindemith en 2010)? Autant de qualités qui justifient d’aller applaudir ce bel ouvrage, tout en espérant que les réserves exprimées plus haut s’améliorent au fil des représentations.
Anaïs Constans incarne une Blanche frustrante, tant ses qualités vocales réelles, entre opulence et aisance sur toute la tessiture, rencontrent un écueil interprétatif patent et uniformément caricatural: trop souvent réduite aux seuls forte, poussés à l’excès entre bruits et fureur, son interprétation oublie toute la fragilité et les doutes de ce rôle il est vrai complexe. Autre grosse déception de la soirée avec le positionnement de voix instable de Janina Baechle (Madame de Croissy), qui délie outre mesure les phrasés, au détriment de l’incarnation. Dans ce contexte, la scène de l’agonie n’émeut guère. Outre les bons seconds rôles féminins, Jodie Devos (Constance) donne beaucoup de satisfaction au niveau vocal, entre rondeur de l’émission et attention aux nuances, même s’il lui manque encore un rien de caractère pour s’imposer pleinement dans ses confrontations avec Blanche. Hormis quelques changements de registre abrupts dans les accélérations aiguës (au I surtout), Thomas Bettinger compose un Chevalier de la Force de bonne tenue, de même que le très engagé et vibrant Jean-François Lapointe (Marquis de la Force).
Face à ce plateau vocal inégal, le regard se tourne vers la mise en scène inspirée d’Olivier Py, qui trouve dans la sobriété des matériaux bruts des décors l’évocation de la piété rigoureuse du carmel tout autant qu’une intense poésie visuelle. On reste en effet plusieurs fois bluffé par le jeu sur la palette de couleurs réduite, les subtilités d’éclairage dans les interstices des panneaux de bois, tout autant que l’agencement des éléments de décors à vue. Que dire, aussi, de ces superbes tableaux humains élaborés avec trois fois rien, rappelant la fascination mystique constante dans laquelle baignent les religieuses (une idée déjà développée dans la production parisienne de Mathis le peintre d’Hindemith en 2010)? Autant de qualités qui justifient d’aller applaudir ce bel ouvrage, tout en espérant que les réserves exprimées plus haut s’améliorent au fil des représentations.
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