Dédiée à la mémoire du regretté Michael Gielen (1927-2019), ancien
directeur de l’Opéra de Francfort (1977-1987), la nouvelle production du
Son lointain est l’une des plus belle réussite vues dans cette
grande maison ces dernières années, longuement applaudie par un public
enthousiaste en fin de représentation. On est pourtant surpris dès le
lever de rideau par la scénographie minimaliste assez cheap, entourée de
simples rideaux aux couleurs blafardes et verdâtres. Peu à peu, ces
rideaux viennent former des espaces distincts en un ballet intrigant,
qui réduit et agrandit la scène pour dévoiler des saynètes en
arrière-plan de l’action principale. C’est là l’une des grandes forces
de ce spectacle que de donner patiemment au spectateur les clés de
compréhension des partis pris de sa transposition – Grete et Fritz
revivant tous deux les événements de leur amour raté au soir de leur
vie, chacun dans leur maison de retraite. Autour d’une attention
remarquable aux détails de chaque mouvement, l’action est soutenue par
une vibrante direction d’acteur, particulièrement réussie au II avec les
scènes de cabaret. La toute dernière scène, superbe, permet aussi de
conclure l’ouvrage sur une fine poésie, lorsque les instruments «venus
du ciel» restent suspendus comme autant de témoins des actes
irréparables de Fritz.
On est heureux d’entendre à nouveau, après Strasbourg en 2009 et la production de Stéphane Braunschweig, les trésors d’imagination de l’orchestration de Franz Schreker (1878-1934) que fouillent avec bonheur Sebastian Weigle et son excellent Orchestre de l’Opéra de Francfort. Les tempi s’étirent pour tourner l’ouvrage vers l’impressionnisme musical, mettant en valeur une variété de couleurs digne de Rimski-Korsakov, le tout en une texture allégée et transparente. On regrettera seulement que les parties plus expressionnistes soient moins mises en valeur ici, Weigle préférant l’expression voluptueuse aux essences capiteuses.
On est heureux d’entendre à nouveau, après Strasbourg en 2009 et la production de Stéphane Braunschweig, les trésors d’imagination de l’orchestration de Franz Schreker (1878-1934) que fouillent avec bonheur Sebastian Weigle et son excellent Orchestre de l’Opéra de Francfort. Les tempi s’étirent pour tourner l’ouvrage vers l’impressionnisme musical, mettant en valeur une variété de couleurs digne de Rimski-Korsakov, le tout en une texture allégée et transparente. On regrettera seulement que les parties plus expressionnistes soient moins mises en valeur ici, Weigle préférant l’expression voluptueuse aux essences capiteuses.
Quoi qu’il en soit, cet écrin raffiné met en valeur le plateau vocal, d’un niveau superlatif jusqu’au moindre second rôle – excepté la voix en lambeaux de Nadine Secunde dans son petit rôle de vieille femme. Ainsi de la touchante Grete de Jennifer Holloway, aux phrasés tour à tour ductiles et caractérisés, à qui il ne manque qu’une touche de puissance dans les graves pour convaincre plus encore. Ian Koziara incarne un Fritz tout aussi impérial dramatiquement, à la voix profonde et bien projetée. Seul le timbre dans l’aigu apparaît moins charmeur. Parmi les deux chanteurs mis en avant au II, on préférera la noble éloquence du Comte de Gordon Bintner (Le comte) au chant plus banal de Theo Lebow (Le chevalier). Enfin, le Chœur de l’Opéra de Francfort affiche une belle présence, très précise dans la cohésion d’ensemble, comme à son habitude.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire