Photo : Eric Bouloumié |
Déjà présentée à Genève en 2016, la production de Manon
imaginée par Olivier Py fait halte à Bordeaux en ce début de printemps,
avant les représentations parisiennes prévues à l’Opéra-Comique en mai
prochain, avec un plateau vocal entièrement renouvelé. De quoi justifier
de voir ce spectacle à plusieurs reprises, avec Marc Minkowski à la
baguette dans les deux cas.
On peut évidemment penser, à l’instar du compte rendu genevois, qu’Olivier Py se montre par trop prévisible dans son choix de placer d’emblée Manon dans le monde de la prostitution: c’est là une vision trop réductrice par rapport à la lecture traditionnelle du récit d’apprentissage tiré de l’abbé Prévost, au dénouement tragique conforme à la morale attendue. Pour autant, une fois ce parti pris accepté, Py impressionne tout du long par sa direction d’acteur millimétrée et inventive, qui nous fait rendre les armes jusque dans ses outrances les plus assumées – on pense non pas à ses nombreux effeuillages féminins et masculins, mais à ce fessier révélé abruptement à la face du public pour conclure le III. Pourquoi une telle provocation? Quoi qu’il en soit, ce travail se fond dans la scénographie splendide de Pierre-André Weitz, entre habituels murs noirs et éléments métalliques contrastés avec les couleurs flashy des enseignes et néons des hôtels de passe et tripots. Rien de nouveau en effet, mais tout cela fonctionne admirablement, sans temps mort.
On peut évidemment penser, à l’instar du compte rendu genevois, qu’Olivier Py se montre par trop prévisible dans son choix de placer d’emblée Manon dans le monde de la prostitution: c’est là une vision trop réductrice par rapport à la lecture traditionnelle du récit d’apprentissage tiré de l’abbé Prévost, au dénouement tragique conforme à la morale attendue. Pour autant, une fois ce parti pris accepté, Py impressionne tout du long par sa direction d’acteur millimétrée et inventive, qui nous fait rendre les armes jusque dans ses outrances les plus assumées – on pense non pas à ses nombreux effeuillages féminins et masculins, mais à ce fessier révélé abruptement à la face du public pour conclure le III. Pourquoi une telle provocation? Quoi qu’il en soit, ce travail se fond dans la scénographie splendide de Pierre-André Weitz, entre habituels murs noirs et éléments métalliques contrastés avec les couleurs flashy des enseignes et néons des hôtels de passe et tripots. Rien de nouveau en effet, mais tout cela fonctionne admirablement, sans temps mort.
Nadine Sierra et Benjamin Bernheim |
Tous les interprètes jouent le jeu de cette mise en scène sulfureuse,
notamment la ravissante Nadine Sierra sollicitée pour mettre en avant
ses atouts physiques au service de la vérité théâtrale. On a déjà dit
tout le bien que l’on pensait de la soprano américaine (voir par exemple
La Flûte enchantée à Paris en 2017),
dont les qualités techniques – rondeur d’émission, nuances (quel
pianissimo!) ou aisance dans toute la tessiture – sont au service de
phrasés admirables d’à-propos dans la compréhension du texte: un régal
d’intelligence, de finesse et de sensibilité. On pourra seulement
reprocher que la voix ne soit pas davantage projetée en certaines
parties dramatiques, mais ce n’est là qu’un détail à ce niveau. De
puissance, Benjamin Bernheim ne manque pas, imposant sa classe vocale
dès ses premières interventions. On n’est guère surpris de retrouver le
ténor français invité depuis plusieurs années par les plus grandes
scènes internationales, tant son lyrisme généreux est communicatif.
Seules ses interventions théâtrales parlées déçoivent en comparaison,
tout comme certains passages en force qui durcissent l’émission dans
l’aigu. Le public lui réserve la plus belle ovation de la soirée, sans
doute conquis par son éclat et sa clarté d’émission. Les seconds rôles
sont à la hauteur, tout particulièrement Alexandre Duhamel, qui
impressionne dans la diction et la souplesse des passages de registre,
ou Damien Bigourdan, idéal de noirceur perfide dans son rôle de
Morfontaine.
Dans sa volonté d’éviter tout lyrisme inutile, Marc Minkowski impose son tempérament énergique en exacerbant les verticalités, en des tempi très vifs qui mettent parfois à mal la précision du Chœur de l’Opéra National de Bordeaux. On ne s’ennuie pas une seconde avec ce geste qui n’oublie pas de dévoiler, dans les passages apaisés, les subtilités et couleurs orchestrales de Massenet. De quoi soutenir brillamment un spectacle cohérent dans ses partis pris (malgré quelques exagérations), servi par un plateau vocal parmi les meilleurs du moment.
Dans sa volonté d’éviter tout lyrisme inutile, Marc Minkowski impose son tempérament énergique en exacerbant les verticalités, en des tempi très vifs qui mettent parfois à mal la précision du Chœur de l’Opéra National de Bordeaux. On ne s’ennuie pas une seconde avec ce geste qui n’oublie pas de dévoiler, dans les passages apaisés, les subtilités et couleurs orchestrales de Massenet. De quoi soutenir brillamment un spectacle cohérent dans ses partis pris (malgré quelques exagérations), servi par un plateau vocal parmi les meilleurs du moment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire