Katharina Persicke |
Située à seulement une vingtaine de minutes en train de sa voisine et
rivale Francfort, Darmstadt a construit une notoriété auprès des
amateurs de musique contemporaine en accueillant les plus grands
compositeurs de son temps après la Seconde Guerre mondiale. De quoi
attirer les curieux dans l’ancienne capitale du land de Hesse sévèrement
touchée par les bombardements alliés, mais qui bénéficie depuis
plusieurs années de la restauration de son beau château en centre-ville.
On ne manquera pas aussi une visite du Théâtre de Darmstadt, construit
en 1971 pour accueillir une programmation conjuguant théâtre, danse et
opéra dans ses deux salles: la plus grande d’entre elle reste à taille
humaine avec ses mille places environ et offre une visibilité idéale
pour l’ensemble des spectateurs. On mentionnera enfin que la terrasse
ouverte à l’entracte permet d’admirer l’ensemble architectural audacieux
mis en valeur par les jardins et la Ludwigskirche attenante.
La nouvelle production de Rusalka présentée cette année nous donne à entendre la version allemande: c’est là un usage auquel la voisine Francfort ne résiste pas davantage en de nombreux ouvrages. Il faut se souvenir que loin de l’uniformité aujourd’hui à l’œuvre en France, notre pays savait se tourner jadis vers les adaptations françaises, particulièrement opportunes s’agissant des opéras avec dialogues parlés nombreux. Quoi qu’il en soit, on s’habitue bien vite à cet exotisme, et ce d’autant plus que la direction flamboyante de Michael Nünde nous emporte d’emblée: son geste dramatique, parfois un rien appuyé dans les tutti, est un régal de sensibilité et d’à-propos narratif. On est surtout agréablement surpris par la qualité du Staatsorchester de Darmstadt, aux cordes bien différenciées et aux bois fruités, sans parler d’un admirable pupitre de cors. Autre grand motif de satisfaction avec un chœur local tout aussi impressionnant techniquement.
A leurs côtés, la production a la bonne idée de réunir un plateau vocal d’une jeunesse triomphante, à l’exception des plus chevronnées Elisabeth Hornung (Jezibaba) et Katrin Gerstenberger (La Princesse étrangère). Si cette dernière est la seule du plateau à posséder l’impact vocal requis par son rôle, elle peine parfois à maîtriser sa voix, couvrant quelque peu ses partenaires. La franche déception de la soirée vient cependant de Hornung, incapable de dominer les sauts de registre périlleux de son rôle, occasionnant de nombreuses faussetés dans l’aigu. C’est d’autant plus regrettable que ses graves corsés donnent un joli caractère à son incarnation. Katharina Persicke compose quant à elle une touchante Rusalka, aux phrasés admirables de précision et d’intention, à qu’il ne manque qu’une once de puissance dans certains passages. Plus encore en difficulté dans la projection, Thorsten Büttner (Le Prince) est parfois inaudible, alors qu’il montre lui aussi de belles qualités techniques dans les passages moins ardus. Johannes Seokhoon Moon (L’Ondin) s’en sort mieux globalement, recueillant des applaudissements mérités en fin de représentation, tandis qu’on mentionnera encore la superlative Stamatia Gerothanasi (Le garçon de cuisine) ou les parfaites nymphes, bien préparées.
La mise en scène de Luise Kautz (née en 1987) joue la carte de la sobriété autour d’une splendide scénographie minérale qui semble transposer l’action dans les geysers islandais, avant que les II et III ne jouent sur trois grands lustres aux aspects revisités pour figurer autant la rigueur d’un corset que les hésitations ondulantes d’une méduse. Les ajouts vidéo pendant les interludes orchestraux évoquent l’étau suffocant de l’eau pour l’héroïne, à la manière d’un Bill Viola, tandis que les costumes insistent sur les différentes étapes nécessaires de ce récit d’apprentissage. On notera enfin une fine attention à la direction du chœur, sollicité dans une belle scène de ronde des cœurs. De quoi soutenir un spectacle aux qualités essentiellement visuelles, dans la lignée (avec beaucoup moins de moyens) d’un Stefano Poda.
La nouvelle production de Rusalka présentée cette année nous donne à entendre la version allemande: c’est là un usage auquel la voisine Francfort ne résiste pas davantage en de nombreux ouvrages. Il faut se souvenir que loin de l’uniformité aujourd’hui à l’œuvre en France, notre pays savait se tourner jadis vers les adaptations françaises, particulièrement opportunes s’agissant des opéras avec dialogues parlés nombreux. Quoi qu’il en soit, on s’habitue bien vite à cet exotisme, et ce d’autant plus que la direction flamboyante de Michael Nünde nous emporte d’emblée: son geste dramatique, parfois un rien appuyé dans les tutti, est un régal de sensibilité et d’à-propos narratif. On est surtout agréablement surpris par la qualité du Staatsorchester de Darmstadt, aux cordes bien différenciées et aux bois fruités, sans parler d’un admirable pupitre de cors. Autre grand motif de satisfaction avec un chœur local tout aussi impressionnant techniquement.
A leurs côtés, la production a la bonne idée de réunir un plateau vocal d’une jeunesse triomphante, à l’exception des plus chevronnées Elisabeth Hornung (Jezibaba) et Katrin Gerstenberger (La Princesse étrangère). Si cette dernière est la seule du plateau à posséder l’impact vocal requis par son rôle, elle peine parfois à maîtriser sa voix, couvrant quelque peu ses partenaires. La franche déception de la soirée vient cependant de Hornung, incapable de dominer les sauts de registre périlleux de son rôle, occasionnant de nombreuses faussetés dans l’aigu. C’est d’autant plus regrettable que ses graves corsés donnent un joli caractère à son incarnation. Katharina Persicke compose quant à elle une touchante Rusalka, aux phrasés admirables de précision et d’intention, à qu’il ne manque qu’une once de puissance dans certains passages. Plus encore en difficulté dans la projection, Thorsten Büttner (Le Prince) est parfois inaudible, alors qu’il montre lui aussi de belles qualités techniques dans les passages moins ardus. Johannes Seokhoon Moon (L’Ondin) s’en sort mieux globalement, recueillant des applaudissements mérités en fin de représentation, tandis qu’on mentionnera encore la superlative Stamatia Gerothanasi (Le garçon de cuisine) ou les parfaites nymphes, bien préparées.
La mise en scène de Luise Kautz (née en 1987) joue la carte de la sobriété autour d’une splendide scénographie minérale qui semble transposer l’action dans les geysers islandais, avant que les II et III ne jouent sur trois grands lustres aux aspects revisités pour figurer autant la rigueur d’un corset que les hésitations ondulantes d’une méduse. Les ajouts vidéo pendant les interludes orchestraux évoquent l’étau suffocant de l’eau pour l’héroïne, à la manière d’un Bill Viola, tandis que les costumes insistent sur les différentes étapes nécessaires de ce récit d’apprentissage. On notera enfin une fine attention à la direction du chœur, sollicité dans une belle scène de ronde des cœurs. De quoi soutenir un spectacle aux qualités essentiellement visuelles, dans la lignée (avec beaucoup moins de moyens) d’un Stefano Poda.
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