lundi 24 juin 2019

« Cycle des seize cantates de Weimar » de Bach (2/4) - Philippe Pierlot - Festival Bach à Leipzig - 22/06/2019

Weißenfels
C’est un concert de la chaussure ?” commente malicieusement un touriste anglais en visitant le musée de la chaussure de Weißenfels, quelques minutes avant d’assister au concert donné dans la chapelle du Château. Un trait d’humour à même d’animer la visite d’un musée aux murs décrépis, dont la richesse et la diversité des collections, tournées vers le monde, doivent toutefois inciter à dépasser ce premier regard défavorable. Cette collection passionnante rappelle les grandes heures industrielles de la ville de Weißenfels, située à mi chemin entre Weimar et Leipzig (à environ trente minutes en car de cette dernière). La visite de la cité nichée en contrebas du Château nous rappelle combien l’ex-Allemagne de l’Est, au-delà des grandes villes d’ores et déjà en grande partie rénovées, n’a pas encore effacé tous les stigmates de la désindustrialisation : la fuite de nombreux habitants explique pourquoi autant de maisons délabrées et de commerces fermés donnent une triste mine au centre-ville. En grande partie épargnée par les bombardements de la Deuxième guerre mondiale, Weißenfels possède pourtant un potentiel touristique qui devrait l’aider à accélérer sa rénovation : le présent concert contribue à cette revitalisation, ce dont on ne peut que se féliciter.
Le concert se situe dans le cadre du cycle des seize “cantates de Weimar”, donné en quatre concerts par la Bachfest avec des formations variées, qui permet de s’intéresser à Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en tant que compositeur de cour. Bach fut notamment organiste et premier violon pour le duc de Saxe-Weimar de 1708 à 1717, tout en gardant ensuite de bonnes relations avec lui. L’Allemagne, alors émiettée en une multitude de royaumes, duchés ou principautés, voit en effet ces différentes cours se disputer les faveurs des plus grands compositeurs : le rayonnement artistique de cette riche période n’a de cesse de fasciner encore aujourd’hui.

Philippe Pierlot
Le concert se situe dans le cadre du cycle des seize “cantates de Weimar”, donné en quatre concerts par la Bachfest avec des formations variées, qui permet de s’intéresser à Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en tant que compositeur de cour. Bach fut notamment organiste et premier violon pour le duc de Saxe-Weimar de 1708 à 1717, tout en gardant ensuite de bonnes relations avec lui. L’Allemagne, alors émiettée en une multitude de royaumes, duchés ou principautés, voit en effet ces différentes cours se disputer les faveurs des plus grands compositeurs : le rayonnement artistique de cette riche période n’a de cesse de fasciner encore aujourd’hui. Les cantates présentées par Philippe Pierlot à Weißenfels (qui faisait partie du fief de Weimar et non de Leipzig) ont toutes été composées entre 1714 et 1716, mais offrent toutefois une variété digne de l’inspiration du maitre allemand. Elles trouvent à s’épanouir dans la chapelle du château, bénéficiant d’une acoustique étonnamment précise, obtenue en faisant jouer les interprètes au niveau de la tribune de l’orgue : on gagne en confort sonore ce que l’on perd en proximité avec les artistes.

Les interprètes mettent un peu de temps à se chauffer, d’autant que le tempo un peu trop vif de Philippe Pierlot ne les aide guère au début. Peu à peu, la direction gagne cependant en respiration, en une lecture chambriste sérieuse et de bonne tenue, mais qui ne soulève pas l’enthousiasme pour autant – du fait notamment d’un violoncelle solo assez prosaïque. Les solistes montrent un bon niveau général, dominé par le superbe Leandro Marziotte, un contre-ténor aux phrasés naturels et aériens, sans parler de son timbre délicieusement velouté. Hannah Morrison a quant à elle un aigu un peu dur dans les parties difficiles et des passages de registres arrachés dans la virtuosité. Lorsqu’elle quitte les passages périlleux, elle remplit parfaitement sa partie, de même que le ténor correct d’Hans Jörg Mammel, en dehors des accélérations qui mettent à mal la justesse. Enfin, on aime la puissance et l’expressivité de la basse Matthias Vieweg, même s’il a parfois tendance à se laisser emporter par son tempérament, occasionnant un placement de voix approximatif.

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