David Stern |
En cette fin d’après-midi, l’excitation monte dans l’attente du concert de clôture de la Bachfest, dédié à la Messe en si mineur (1749) de Bach
: tous les pas semblent converger vers l’Eglise Saint-Thomas, la plus
prestigieuse de la ville de Leipzig, remplie à craquer pour l’occasion.
C’est là qu’officia le maitre de 1724 jusqu’à sa mort, lui donnant ses
lettres de noblesses, avant d’y être enterré au niveau du choeur. Même
si l’acoustique est quelque peu étouffée à cet endroit, donnant une
impression d’éloignement par rapport aux interprètes réunis sur la
tribune de l’orgue à l’opposé, entendre la Messe en si mineur aux cotés
du maitre ne peut manquer d’impressionner.
Les premières notes de l’ouvrage
raisonnent avec un sens évident de l’économie et de la modestie, en un
legato enveloppant : l’impression de douceur ainsi obtenue invite au
recueillement, comme une caresse bienveillante. On est bien éloigné des
lectures nerveuses et virtuoses qui donnent un visage plus spectaculaire
à cette messe. Ce geste serein a pour avantage de mettre en valeur la
jeunesse triomphante du splendide choeur d’enfants Tölzer,
venu tout droit de Munich. Alors que l’ouvrage ne fait pas parti de
leur répertoire, les jeunes interprètes font preuve d’une vaillance et
d’une précision sans faille, de surcroit jamais pris en défaut dans la
nécessaire justesse. C’est la sans doute le bénéfice d’une tournée
mondiale qui les a mené en Chine et en France, au service de la
promotion de cet ouvrage, avec David Stern.
Si la direction du chef américain a les
avantages détaillés plus haut, on pourra toutefois regretter que le
niveau technique global de son ensemble affiche plusieurs imperfections
tout du long du concert, notamment au niveau des vents et trompettes,
juste corrects. La qualité des solistes réunis se montrent aussi
inégale, avec de jeunes chanteurs très prometteurs, Theodora Raftis et Andrés Agudelo, tous deux parfaits d’aisance technique. Andreas Scholl a pour lui des phrasés toujours aussi distingués, mais désormais entachés d’un timbre très dur dans l’aigu, tandis que Laurent Naouri
a du mal à faire valoir ses habituelles qualités interprétatives dans
ce répertoire, décevant les attentes par une émission engorgée et terne.
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