Eglise Saint-Nicolas |
A l’instar de sa voisine Dresde, Leipzig ne cesse de
retrouver sa splendeur d’antan, d’année en année, effaçant les erreurs
architecturales de l’après-guerre par d’opportuns rehabillages ou
reconstructions dans un style ancien. Pratiquement dédié aux piétons, le
centre-ville est d’ores et déjà envahi par les touristes en cette
saison estivale, tous séduits par les nombreuses terrasses à chaque coin
de rue. Outre l’attrait évident que représentent les gloires musicales
locales (Bach et Mendelssohn bien sûr, mais aussi… Wagner, natif de la
Cité), il faudra se perdre dans les nombreux et splendides passages
couverts dont l’état de conservation ne manquera pas d’impressionner les
amateurs.
Pendant dix jours, la Bachfest donne à entendre des
accents venus des quatre coins du monde – les Français représentant les
deuxièmes visiteurs européens en nombre (hors Allemagne) après les
Néerlandais. On ne s’en étonnera pas, tant la manifestation fait figure
d’événement avec pas moins de 150 manifestations organisées pendant
cette courte période, permettant de faire vivre un répertoire centré sur
la famille Bach et ses contemporains, sans oublier Mendelssohn, et ce à
travers toute la ville et les environs. On pourra aussi opportunément
coupler sa visite avec le festival Haendel, qui se tient dans la ville voisine de Halle la semaine précédent la Bachfest.
Roderick Williams |
Parmi les joyaux de la cité, l’Eglise Saint-Nicolas
et ses surprenantes colonnes végétales aux tons pastels “girly”,
alternant vert et vieux rose, tient une place prépondérante (elle a
notamment accueilli la création de la Passion selon Saint-Jean de Bach),
et ce d’autant plus que son excellente acoustique en fait un lieu prisé
pour les concerts. C’est ici que se déroule l’un des plus attendus de
cette édition 2019, sous la direction de Rinaldo Alessandrini. Son geste énergique met d’emblée en valeur les qualités individuelles superlatives de l’Akademie für Alte Musik Berlin, très engagée pour rendre leur éclat à ces cantates d’apparat, toutes composées pour Weimar.
On soulignera notamment le trompette solo impressionnant de sureté et
de justesse ou le violoncelle solo gorgé de couleurs, tandis que les
chanteurs atteignent aussi un très haut niveau.
Si Katharina Konradi impressionne par son aisance technique au service d’un timbre superbe, on est plus encore séduit par la noblesse des phrasés d’Ingeborg Danz,
tout simplement bouleversante d’évidence dans son premier air. Les
quelques limites rencontrées dans les accélérations restent cependant
parfaitement maitrisées par cette chanteuse qui sait la limite de ses
moyens. A ses cotés, Patrick Grahl donne tout l’éclat de sa jeunesse à son incarnation, portée par une diction impeccable et une voix claire. Enfin, Roderick Williams
passionne tout du long par l’intensité de ses phrasés et l’attention
accordée au texte, même s’il se laisse parfois couvrir par l’orchestre.
Que dire, aussi, du parfait choeur de chambre de la RIAS,
aux interventions aussi millimétrées qu’irradiantes de ferveur ? Sans
doute pas le moindre des atouts de ce concert en tout point splendide.
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