lundi 24 juin 2019

« Cycle des seize cantates de Weimar » de Bach (3/4) - Rinaldo Alessandrini - Festival Bach à Leipzig - 22/06/2019

Eglise Saint-Nicolas
A l’instar de sa voisine Dresde, Leipzig ne cesse de retrouver sa splendeur d’antan, d’année en année, effaçant les erreurs architecturales de l’après-guerre par d’opportuns rehabillages ou reconstructions dans un style ancien. Pratiquement dédié aux piétons, le centre-ville est d’ores et déjà envahi par les touristes en cette saison estivale, tous séduits par les nombreuses terrasses à chaque coin de rue. Outre l’attrait évident que représentent les gloires musicales locales (Bach et Mendelssohn bien sûr, mais aussi… Wagner, natif de la Cité), il faudra se perdre dans les nombreux et splendides passages couverts dont l’état de conservation ne manquera pas d’impressionner les amateurs.

Pendant dix jours, la Bachfest donne à entendre des accents venus des quatre coins du monde – les Français représentant les deuxièmes visiteurs européens en nombre (hors Allemagne) après les Néerlandais. On ne s’en étonnera pas, tant la manifestation fait figure d’événement avec pas moins de 150 manifestations organisées pendant cette courte période, permettant de faire vivre un répertoire centré sur la famille Bach et ses contemporains, sans oublier Mendelssohn, et ce à travers toute la ville et les environs. On pourra aussi opportunément coupler sa visite avec le festival Haendel, qui se tient dans la ville voisine de Halle la semaine précédent la Bachfest.

Roderick Williams
Parmi les joyaux de la cité, l’Eglise Saint-Nicolas et ses surprenantes colonnes végétales aux tons pastels “girly”, alternant vert et vieux rose, tient une place prépondérante (elle a notamment accueilli la création de la Passion selon Saint-Jean de Bach), et ce d’autant plus que son excellente acoustique en fait un lieu prisé pour les concerts. C’est ici que se déroule l’un des plus attendus de cette édition 2019, sous la direction de Rinaldo Alessandrini. Son geste énergique met d’emblée en valeur les qualités individuelles superlatives de l’Akademie für Alte Musik Berlin, très engagée pour rendre leur éclat à ces cantates d’apparat, toutes composées pour Weimar. On soulignera notamment le trompette solo impressionnant de sureté et de justesse ou le violoncelle solo gorgé de couleurs, tandis que les chanteurs atteignent aussi un très haut niveau.

Si Katharina Konradi impressionne par son aisance technique au service d’un timbre superbe, on est plus encore séduit par la noblesse des phrasés d’Ingeborg Danz, tout simplement bouleversante d’évidence dans son premier air. Les quelques limites rencontrées dans les accélérations restent cependant parfaitement maitrisées par cette chanteuse qui sait la limite de ses moyens. A ses cotés, Patrick Grahl donne tout l’éclat de sa jeunesse à son incarnation, portée par une diction impeccable et une voix claire. Enfin, Roderick Williams passionne tout du long par l’intensité de ses phrasés et l’attention accordée au texte, même s’il se laisse parfois couvrir par l’orchestre. Que dire, aussi, du parfait choeur de chambre de la RIAS, aux interventions aussi millimétrées qu’irradiantes de ferveur ? Sans doute pas le moindre des atouts de ce concert en tout point splendide.

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