samedi 22 juin 2019

« Les Puritains » de Vincenzo Bellini - Vincent Boussard - Opéra royal de Wallonie à Liège - 20/06/2019


Crée en fin d’année dernière à Francfort, la production des Puritains imaginée par Vincent Boussard fait halte à Liège en cette fin de saison autour d’une distribution remarquable, fort logiquement applaudie par un public enthousiaste pendant toute la soirée – et ce malgré les presque quatre heures de spectacle, avec un entracte, requis pour cette version donnée en intégralité. Les interprètes trouvent dans la mise en scène un écrin d’une remarquable pertinence, Boussard ayant la bonne idée de centrer l’action autour d’Elvira, qui semble revivre les événements qui l’ont conduit à la folie, errant comme un fantôme hagard et inquiet dans les ruines d’un théâtre en rénovation. Pour autant, la fin de l’ouvrage laisse entrevoir une autre perspective lorsque les interprètes tournent le dos à la salle pour se faire applaudir par le choeur – théâtre dans le théâtre, puis double sombre de l’héroïne viennent ainsi enrichir une action trop souvent statique, imprimant une atmosphère mystérieuse et fantastique du plus bel effet. On retrouve par ailleurs le goût habituel du Français pour une esthétique chic, incarnée notamment par les superbes costumes d’époque de Christian Lacroix, mais toujours utilisée avec parcimonie. On pourra bien entendu regretter le grotesque coup de théâtre final, inutile tant ce qui précédait pouvait suffire, mais qui ne gâche cependant pas le plaisir d’une très belle soirée.

Le plateau vocal réuni comble en effet bien au-delà des attentes, autant par son très bon niveau homogène que par l’engagement des interprètes pour répondre à l’énergie bouillonnante de la fosse : Speranza Scappucci n’a pas son pareil pour imprimer une énergie revigorante, toujours attentive à la narration, à laquelle ne manque que certains détails révélés dans les verticalités, un rien trop “franches”. La directrice musicale de l’Opéra royal de Wallonie-Liège doit aussi prendre garde à ne pas couvrir ses chanteurs dans les grands ensembles. Quoi qu’il en soit, ces quelques réserves n’empêchent pas le plateau de s’affirmer, tout particulièrement le superbe Arturo de Lawrence Brownlee. Son aisance technique confondante sur toute la tessiture, comme ses aigus aériens, rappellent le jeune Michael Spyres, mais sans les qualités interprétatives de ce dernier. C’est en ce domaine que Brownlee doit encore progresser pour dépasser le seul éclat vocal, aussi brillant soit-il. Zuzana Marková (Elvira) est plus convaincante en ce domaine, faisant valoir des nuances d’interprétation dans le médium ou les pianissimi, admirablement maitrisés. L’aigu manque parfois de chair et de puissance, surtout dans les ensembles, mais n’empêche pas la jeune soprano tchèque de réussir ses débuts ici. Plus habitué des lieux, Mario Cassi (Riccardo) se distingue par son assurance et ses beaux phrasés, tandis que Luca Dall’Amico (Sir Giorgio) est au niveau de ses partenaires, et ce malgré un léger vibrato et un timbre assez ingrat. On notera enfin les belles prestations d’Alexise Yerna (Erichetta di Francia), qui maitrise bien sa voix puissante, tout comme du choeur local, bien préparé.

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