dimanche 23 juin 2019

« Le Roi Carotte » de Jacques Offenbach - Opéra de Hanovre - 21/06/2019


Vent de folie pour la dernière représentation du Roi Carotte (1872) imaginée par Matthias Davids pour Hanovre, puis Vienne (au Volksoper du 23 novembre au 14 janvier) ! La salle remplie à craquer n’a pas souffert de la concurrence de la Fête de la musique (appelée ainsi et non pas dans la langue de Goethe!) organisée dans toute la ville et plus particulièrement sur le parvis de l’Opéra: on aura rarement entendu un public aussi chaleureux, et ce dès le début de la représentation. Il est vrai que l’assistance a été opportunément garnie de nombreux enfants et adolescents, visiblement ravis de découvrir dans leur langue maternelle les rocambolesques mésaventures du Roi Fridolin, en prise avec le Roi Carotte, les habitants de Pompéi, un singe, des fourmis...

Autre motif d’hilarité générale avec l’impayable Roi Carotte de Sung-Keun Park qui, non content de s’être cassé le pied et de chanter le rôle sur le côté pendant qu’un figurant le représente sur scène, s’en donne à cœur joie dans les pitreries et accents comiques, volant la vedette à Fridolin. Même si son chant manque parfois de substance, on ne peut qu’être conquis par autant d’engagement, tandis que la mise en scène le fait malicieusement consoler son double malheureux en fin d’ouvrage pour le plus grand bonheur du public.


Matthias Davids joue tout du long la carte d’une mise en scène bon enfant, en imaginant une répétition mal embarquée avec des chanteurs dissipés et farfelus: les bouffonneries se succèdent dans la bonne humeur autour d’une scénographie volontairement minimaliste qui met en valeur les superbes costumes et masques de légumes. La direction d’acteur manque toutefois de précision dans les scènes de groupe: on est loin de la maestria et de l’imagination débordante du Roi Carotte vu par Laurent Pelly lors de la résurrection de l’ouvrage, à Lyon en 2015, puis à Lille en 2018. Quoi qu’il en soit, cette illustration plus classique fonctionne bien dans son esprit bouffon, bien incarné par la troupe réunie pour l’occasion.

Ainsi du délicieux double rôle comique de Daniel Drewes, qui n’a pas son pareil pour provoquer le rire entre perversité et arrogance, ou du Fridolin rigolard d’Eric Laporte, par ailleurs très investi vocalement. A leurs côtés, Josy Santos (Robin-Luron) montre parfois quelques limites techniques dans les accélérations, mais assure bien sa partie par ailleurs, tandis que les impeccables Athanasia Zöhrer (Rosée-du-Soir) et Anke Briegel (Cunégonde) brillent toutes deux au niveau vocal, surtout dans les aigus rayonnants. On mentionnera encore le superlatif Uwe Gottswinter (Baron Koffre, Pyrgopolyneikis) et le chœur local, très correct.


Enfin, Valtteri Rauhalammi n’est pas pour rien dans la réussite de la soirée, avec ses vifs tempi qui font swinguer l’énergie rythmique d’Offenbach, tout en faisant ressortir le travail sur les vents par des saillies bienvenues (remarquable scène du chemin de fer à Pompéi, notamment). On espère désormais que cet ouvrage superbe (surtout dans l’ivresse de sa première partie) fera l’objet d’un enregistrement discographique, même partiel. Il est à noter que le présent spectacle comportait des coupures différentes de celles opérées à Lyon, mais globalement moins importantes au niveau musical (grâce au maintien, notamment, de la scène de Quiribibi).

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