Paul Figuier |
A 63 ans, Christophe Rousset n’en finit plus de voir son travail encensé
grâce à son partenariat toujours plus fécond avec l’ensemble Les Talens
Lyriques, qu’il a fondé voilà déjà trente‑trois ans. Son appétit et sa
curiosité se nourrissent d’un sens toujours affirmé de la rigueur et de
l’ambition artistique, très respectueux des ouvrages, qui vient d’être
récompensé par trois prix prestigieux, ce qui est peu commun, décernés
par les International Opera Awards. Outre la nouvelle production de Kublai Khan
de Salieri au Theater an der Wien (avec un disque à paraître l’an
prochain), les enregistrements avec le génial ténor Michael Spyres et à la résurrection de l’opéra Fausto de Louis Bertin (voir ici) ont ainsi été honorés, à l’instar des recensions élogieuses dans nos colonnes.
D’où vient pourtant que l’on ressort passablement déçu du concert dédié
aux extraits de cantates pour alto de Bach, donné à Ambronay, avant
Paris et Istamboul (les 3 et 5 décembre prochains, avec le contre‑ténor
Zoltán Daragó, comme pour le disque à paraître en novembre chez Aparté) ?
On peut évidemment goûter modérément l’exercice qui consiste à isoler
des parties d’ouvrages, mais toujours est‑il que cela peut donner envie
de découvrir la suite chez soi, avec les nombreuses intégrales
existantes. C’est bien davantage le parti pris interprétatif trop mesuré
et sage qui gêne ici, donnant une impression d’un Bach uniforme et
linéaire, enveloppé de velours et de soie. Non pas qu’une telle optique
soit indéfendable, mais il aurait fallu pour cela bénéficier d’un
interprète moins noué par l’enjeu (le concert était retransmis en direct
sur Culturebox), en la personne de Paul Figuier.
Le contre-ténor français affiche d’emblée une nervosité visible à ses
tics de visage, quand ça n’est pas son pantalon, remonté à plusieurs
reprises pour pallier l’absence de ceinture. Si le premier air virtuose
fait les frais de ce trac évident, au détriment de la nécessaire
justesse, les passages suivants font davantage valoir sa musicalité,
entre clarté d’émission et mise en valeur de son beau timbre. On
regrette toutefois une projection insuffisante, notamment dans les
graves, pour pleinement nous emporter. C’est d’autant plus regrettable
que Les Talens Lyriques bénéficient d’un interprète d’exception en la
personne du hautboïste Gilles Vanssons, très sollicité par le programme
tout au long de la soirée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire