samedi 5 octobre 2024

Concert des Talens Lyriques - Christophe Rousset et Paul Figuier - Festival d'Ambronay - 04/10/2024

Paul Figuier

A 63 ans, Christophe Rousset n’en finit plus de voir son travail encensé grâce à son partenariat toujours plus fécond avec l’ensemble Les Talens Lyriques, qu’il a fondé voilà déjà trente‑trois ans. Son appétit et sa curiosité se nourrissent d’un sens toujours affirmé de la rigueur et de l’ambition artistique, très respectueux des ouvrages, qui vient d’être récompensé par trois prix prestigieux, ce qui est peu commun, décernés par les International Opera Awards. Outre la nouvelle production de Kublai Khan de Salieri au Theater an der Wien (avec un disque à paraître l’an prochain), les enregistrements avec le génial ténor Michael Spyres et à la résurrection de l’opéra Fausto de Louis Bertin (voir ici) ont ainsi été honorés, à l’instar des recensions élogieuses dans nos colonnes.

D’où vient pourtant que l’on ressort passablement déçu du concert dédié aux extraits de cantates pour alto de Bach, donné à Ambronay, avant Paris et Istamboul (les 3 et 5 décembre prochains, avec le contre‑ténor Zoltán Daragó, comme pour le disque à paraître en novembre chez Aparté) ? On peut évidemment goûter modérément l’exercice qui consiste à isoler des parties d’ouvrages, mais toujours est‑il que cela peut donner envie de découvrir la suite chez soi, avec les nombreuses intégrales existantes. C’est bien davantage le parti pris interprétatif trop mesuré et sage qui gêne ici, donnant une impression d’un Bach uniforme et linéaire, enveloppé de velours et de soie. Non pas qu’une telle optique soit indéfendable, mais il aurait fallu pour cela bénéficier d’un interprète moins noué par l’enjeu (le concert était retransmis en direct sur Culturebox), en la personne de Paul Figuier.

Le contre-ténor français affiche d’emblée une nervosité visible à ses tics de visage, quand ça n’est pas son pantalon, remonté à plusieurs reprises pour pallier l’absence de ceinture. Si le premier air virtuose fait les frais de ce trac évident, au détriment de la nécessaire justesse, les passages suivants font davantage valoir sa musicalité, entre clarté d’émission et mise en valeur de son beau timbre. On regrette toutefois une projection insuffisante, notamment dans les graves, pour pleinement nous emporter. C’est d’autant plus regrettable que Les Talens Lyriques bénéficient d’un interprète d’exception en la personne du hautboïste Gilles Vanssons, très sollicité par le programme tout au long de la soirée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire