Remonté pour le cent cinquantième anniversaire de sa création en 1991, le ballet Giselle
d’Adolphe Adam (1803-1856) n’a cessé d’être repris depuis lors au
Palais Garnier, à chaque fois à guichets fermés. On comprend
l’enthousiasme du public pour ce spectacle qui nous replonge aux sources
de la création, autour des décors d’origine refaits à neuf et de la
chorégraphie remaniée conformément au travail de Marius Petipa (1887).
Si les ouvrages d’Adam sont aujourd’hui méconnus du grand public, en
dehors de ce ballet, quelques-uns restent toutefois épisodiquement
repris, à l’instar du Postillon de Lonjumeau (1836), donné à l’Opéra-Comique l’an passé.
Quintessence du ballet romantique, Giselle n’en finit pas de séduire par ses mélodies irrésistibles, sa fine rythmique entêtante et ses couleurs piquantes. On pourra toujours reprocher à l’ancien élève de Boieldieu (dont on retrouvera le chef-d’œuvre, La Dame blanche, dès la fin février à l’Opéra-Comique) de rester dans le cadre d’une musique peu novatrice: toujours est-il que son inspiration fine et élégante célèbre autant l’insouciance et la joie de vivre au I, par l’éclat et la variété des danses populaires, que le climat fantastique et poétique au II, où les danseuses en nombre nous régalent de leurs envolées géométriques. Autant les costumes qui nous replongent au temps de Robin des Bois, que les superbes éclairages aux couleurs automnales et mordorées au I, évidemment plus sombres au II, ravissent par leur à-propos et leur classicisme intemporel.
Si le corps de ballet en son entier confirme encore une fois son
excellence, on est aussi très agréablement surpris par l’Orchestre
Pasdeloup, qui sans s’élever au niveau de l’Orchestre de l’Opéra
national de Paris, montre une cohésion affirmée dans les cordes, ainsi
que de belles individualités (au hautbois et aux cors notamment). Il
faut dire que la formation est conduite par l’un des plus grands
spécialistes de ce répertoire en la personne de Koen Kessels (né en
1961), directeur musical des ballets royaux à Londres et Birmingham –
excusez du peu! Le chef flamand opte pour des tempi modérés au service
de la conduite narrative, évitant tout pompiérisme pour offrir quelques
moments de fine poésie. Les retrouvailles entre Giselle et Albrecht au
II constituent sans doute l’un des moments les plus émouvants du
spectacle, où Kessels semble suspendre le temps en étirant plus encore
sa battue.
La soirée avait pourtant débuté sous des hospices houleux à l’annonce de la lecture d’un message des personnels grévistes de l’Opéra national de Paris, rapidement accueilli par des huées, elles-mêmes contredites par une salve d’applaudissements en retour. Se croyant sans doute à l’un des caucus démocrates de l’Iowa, un spectateur se lève pour haranguer la foule, sans succès: le chahut reprend de plus belle, évoquant les grands scandales de jadis – tout particulièrement la création de Déserts de Varèse au Théâtre des Champs-Elysées en 1954 (telle que permet d’en juger l’enregistrement public édité chez Tahra en 2006 sous le titre «Hermann Scherchen: de Purcell à Varèse»: un document à connaître absolument). Les esprits s’apaisent heureusement assez vite, permettant un lever de rideau évidemment plus consensuel avec Giselle.
La soirée avait pourtant débuté sous des hospices houleux à l’annonce de la lecture d’un message des personnels grévistes de l’Opéra national de Paris, rapidement accueilli par des huées, elles-mêmes contredites par une salve d’applaudissements en retour. Se croyant sans doute à l’un des caucus démocrates de l’Iowa, un spectateur se lève pour haranguer la foule, sans succès: le chahut reprend de plus belle, évoquant les grands scandales de jadis – tout particulièrement la création de Déserts de Varèse au Théâtre des Champs-Elysées en 1954 (telle que permet d’en juger l’enregistrement public édité chez Tahra en 2006 sous le titre «Hermann Scherchen: de Purcell à Varèse»: un document à connaître absolument). Les esprits s’apaisent heureusement assez vite, permettant un lever de rideau évidemment plus consensuel avec Giselle.
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